Depuis peu, mes élèves de fin d’école primaire réalisent de petits exposés qu’ils et elles enregistrent sur leur compte personnel. Malgré mes consignes préventives, des images inadéquates ont circulé via leur adresse mail, suscitant, à juste titre, une vive réaction de la part de certains parents. Les outils numériques sont autant de couteaux suisses, utiles, mais tranchants.

Nos autorités prévoient pourtant d’investir 75,8 millions afin d’équiper massivement les élèves fribourgeois d’ordinateurs et autres tablettes. Cela au nom de l’employabilité de nos futurs adultes! Ont-elles réfléchi à l’impact de leur stratégie numérique débordante sur petits et grands? Les élèves sauront-ils plus? Penseront-ils mieux?

«Paradoxalement, une série d’améliorations, toutes censées rendre la vie plus facile, ajoutèrent une meule autour du cou de ces cultivateurs» (Y. N. Harari, Sapiens).

En 2023, l’éducation au et par le numérique est certes importante. Mais au vu des enjeux du monde actuel, elle doit se conjuguer avec sobriété, sécurité et répondre à des besoins humains et non économiques. Lorsque l’on sait que certains pontes de la Silicon Valley choisissent, pour leurs enfants, des écoles non connectées, il est difficile de comprendre pourquoi le canton de Fribourg opte pour un tel déploiement d’artillerie.

Que les établissements qui sont mal équipés le soient mieux, mais de matériel partagé! Et puissions-nous espérer de nos autorités qu’elles n’omettent pas d’investir dans l’humain pour l’humain (moins d’enfants par classe et plus de personnel enseignant par exemple). Faire moins, mais mieux!

Michèle Delaloye, enseignante, Fribourg