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Canton

Des placements moins énergivores pour la caisse de pension de l’Etat

La caisse de pension de l’Etat va investir 150 mios dans l’assainissement énergétique de ses immeubles

En 2021, les bâtiments que possède la Caisse de prévoyance du personnel de l’Etat de Fribourg ont généré une moyenne de 22,7 kilos de CO2 par mètre carré. L’institution vise une baisse de 20%.

 Nicolas Maradan

Nicolas Maradan

5 octobre 2022 à 04:01

Temps de lecture : 1 min

Prévoyance » La Caisse de prévoyance du personnel de l’Etat de Fribourg (CPPEF) veut devenir plus durable. Elle va investir 150 millions de francs d’ici 2027 pour la rénovation et l’assainissement énergétique de son parc immobilier, dont la valeur totale avoisine les 2 milliards de francs. Concrètement, 14 chantiers sont prévus, tous situés dans le canton de Fribourg. «Evidemment, ces investissements vont peser sur la rentabilité globale de la caisse. Mais ce n’est pas de l’argent perdu, c’est un investissement à long terme. Car si nous ne faisons rien, nos immeubles vont perdre de la valeur. C’est un exercice d’équilibrisme entre amélioration énergétique et rentabilité», analyse Alain Deschenaux, membre du comité de la CPPEF et président de sa commission immobilière.

22,7

kg par m2, la quantité de CO2 généré en moyenne par les bâtiments de la CPPEF en 2021

La CPPEF compte mesurer ses progrès selon deux indicateurs. En 2021, les bâtiments qu’elle possède ont généré une moyenne de 22,7 kilos de CO2 par mètre carré. Un chiffre que la caisse entend faire baisser de 20%. Pour cela, il faut que l’énergie consommée, principalement de la chaleur, provienne davantage de sources renouvelables. Autre enjeu: baisser la consommation d’énergie globale. Là, la caisse de pension se base sur l’indice de dépense de chaleur, qui représente l’énergie nécessaire pour chauffer un immeuble. L’an dernier, les immeubles de la CPPEF ont utilisé en moyenne 365 mégajoules (ce qui équivaut à un peu moins de 10 litres de mazout) par mètre carré. D’ici 2027, la caisse vise une diminution de 16%.

Une tâche ardue

Mais Alain Deschenaux sait que la tâche s’annonce ardue. Il faudra d’abord obtenir les permis de construire, puis libérer éventuellement certains immeubles de leurs locataires afin de procéder aux travaux. Défi supplémentaire: trouver le personnel nécessaire – ingénieurs, architectes, ouvriers – alors que la pénurie de main-d’œuvre plane sur le secteur de la construction. A noter que, dans le cadre de son développement naturel, la CPPEF prévoit également 350 millions de francs d’investissements pour de nouveaux projets et 200 millions pour des investissements indirects via des fondations gérant des parcs immobiliers.

«Notre objectif est que cette transition puisse être faite d’ici fin 2023»
Olivier Maillard

Ce virage vers la durabilité concerne également les placements mobiliers, comme les actions ou les obligations. Le printemps dernier, la CPPEF s’est dotée d’une charte d’investissement durable qui reprend l’objectif fixé par l’Accord de Paris sur le climat, à savoir la neutralité carbone dès 2050. Pour cela, l’institution a défini plusieurs axes. Egalement membre du comité de la CPPEF et président de sa commission de placement, Olivier Maillard explique: «Le premier axe, c’est l’engagement actionnarial à travers l’exercice de nos droits de vote et le dialogue avec les entreprises afin de les accompagner vers le changement.»

Il poursuit: «Un deuxième volet, c’est l’investissement à impact. La caisse va allouer jusqu’à 10% de sa fortune, à savoir 580 millions de francs, à des investissements pour lesquels nous pourrons mesurer concrètement l’effet positif au niveau environnemental et/ou social.» Troisième axe: l’extension des critères d’exclusion. Ainsi les placements dans des domaines comme l’armement non conventionnel ou les énergies fossiles seront davantage évités ou limités. «C’est une charte qui est ambitieuse. Environ 4 milliards de francs d’actifs devront évoluer vers des solutions plus durables. Notre objectif est que cette transition puisse être faite d’ici fin 2023», souligne Olivier Maillard.

Facteurs géopolitiques

Le président de la commission de placement rappelle: «L’intégration de la durabilité dans la stratégie de la caisse n’est pas quelque chose de nouveau. Un certain nombre d’initiatives avaient déjà été prises ces dernières années, notamment l’adoption de critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG). Aujourd’hui, la CPPEF a toutefois décidé d’aller plus loin.» Mais peut-elle réellement convaincre à elle seule des sociétés privées d’adopter un modèle d’affaire plus respectueux de l’environnement? «Le dialogue avec les entreprises se fait au travers des pools d’engagement de la fondation Ethos, qui regroupent des centaines d’investisseurs. Cela permet d’avoir plus de poids», indique Alain Deschenaux.

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