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Canton

Des polluants éternels trouvés dans les sols fribourgeois

La contamination aux substances per- et polyfluoroalkylées se mesure actuellement dans le canton

Les bureaux externes chargés des prélèvements doivent respecter des conditions strictes.

 Charles Grandjean

Charles Grandjean

9 mars 2023 à 02:01

Environnement » Fin février, un consortium de médias européens publiait une enquête démontrant, carte à l’appui, l’ampleur à l’échelle continentale de la pollution aux substances per- et polyfluoroalkylées, communément appelées selon l’abréviation PFAS (prononcez «pifasse»). Ces substances chimiques toxiques, quasi indestructibles et largement disséminées n’épargnent pas le canton.

Quatre des 2100 hotspots européens – ces lieux où la concentration de PFAS détectées atteint un niveau que les experts estiment dangereux pour la santé, à savoir 100 nanogrammes par litre – se trouvent dans le canton. L’enjeu est de taille, puisque ces PFAS se retrouvent aussi bien dans des poêles antiadhésives, que dans des emballages plastique, des traitements antitaches, imperméabilisants ou farts pour les skis.

Origine de la pollution

Les premiers indices de la présence des PFAS en terre fribourgeoise se trouvent à Ependes, Attalens, Vallon et Galmwald, selon la carte publiée dans le cadre de cette enquête. Avec comme source, des données de l’Observatoire national des sols (NABO).

«Les données diffusées par les médias qui touchent le canton de Fribourg proviennent bien des analyses mandatées par l’OFEV entre 2021 et 2022 dans le cadre de l’étude pollution de fond des sols par les PFAS», confirme Dorine Kouyoumdjian, chargée d’information auprès de l’Office fédéral de l’environnement (OFEV). Pour l’heure, l’OFEV n’avance aucune hypothèse sur une origine de la pollution aux PFAS spécifique à ces sites. «Cette campagne a permis d’identifier la présence ubiquitaire des PFAS dans les sols mais au vu des nombreuses sources de pollution et voies de dissémination potentielles, il reste très difficile d’identifier l’origine exacte de ces pollutions de fond», poursuit la chargée de communication.

Des quatre sites, c’est celui d’Ependes qui bat le triste record cantonal du niveau de contamination le plus élevé. «Les valeurs mesurées au site d’Ependes (4,43 µg/kg somme de tous les PFAS) se trouvent au-dessus de la médiane suisse située à 1,4 µg/kg, mais 95% des sols présentent une charge inférieure à 5 µg/kg», situe la représentante de l’OFEV.

Analyses des eaux

Chef du secteur sites pollués auprès du Service de l’environnement (SEn) du canton de Fribourg, Romano Dalla Piazza se dit surpris par l’ampleur de la production et de l’utilisation des PFAS à l’échelle de l’Europe occidentale.

«Le Service de l’environnement du canton de Fribourg a pris les choses en main en lançant une campagne de dépistage des PFAS dans des eaux souterraines en rapport avec des sites potentiellement pollués par ces substances», indique-t-il. «Les derniers prélèvements et analyses seront réalisés en mars et les résultats seront communiqués au printemps après leur interprétation», informe Romano Dalla Piazza.

Lors de l’établissement du cadastre des sites pollués en octobre 2008, la problématique des PFAS n’était pas connue. «Il nous a donc paru important de procéder à de nouveaux contrôles dans le cadre du cadastre des sites pollués», explique le chef de secteur. Le SEn a ainsi confié un mandat à un bureau d’experts en été 2022 pour identifier dans le cadastre cantonal des sites pollués ceux pouvant émettre des PFAS. «Le programme de dépistage porte spécifiquement sur ces sites ainsi que sur des interventions sur des feux accidentels importants (utilisation de mousses d’extinction)», précise le représentant du SEn. Ce sont 17 sites qui sont passés au crible: trois incendies, six décharges et huit entreprises. Ces sites disposent de points de prélèvement d’eau (puits de pompage, piézomètres, sources), soit un total de 32 points de prélèvement. Les bureaux externes chargés des prélèvements doivent respecter des conditions strictes, telles que ne pas porter de veste imperméable. Les échantillons sont ensuite confiés à un laboratoire privé et accrédité pour ce type d’analyses.

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