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Canton

Pour donner de l’âme aux lieux de vie

Christophe Münster, concepteur d’espaces publics à Fribourg, lance un appel à «se réveiller»

Passionné, Christophe Münster n’a jamais eu l’impression de travailler, considérant son métier comme une aventure toujours nouvelle.

 Nicole Rüttimann

Nicole Rüttimann

30 avril 2021 à 04:01

Temps de lecture : 1 min

Architecture » «Réveillez-vous! Osez sortir du moule, donnez enfin de l’âme à ces lieux de vie!» Ce cri du cœur, c’est celui de l’architecte et concepteur d’espaces publics Christophe Münster. Un appel qu’il lance sans agressivité, ni chercher à imposer sa conception des choses, assure-t-il. Mais avec une profonde conviction face aux bâtis «épurés à l’extrême, sans âme, froids» qu’il voit s’ériger autour de lui, à Fribourg notamment, où il réside depuis 2004. Sa vision, il l’a forgée tout au long d’un riche parcours, qui l’a conduit à vivre et construire dans 33 pays, remportant des concours nationaux et internationaux et donnant des conférences dans le domaine.

Après un stage de tapissier-décorateur, le passionné de dessin trouve sa vocation au sortir de l’armée, en 1969: il entre à l’institut d’architecture Athenaeum, à Lausanne, sous la houlette de l’architecte italien et enseignant Alberto Sartoris. Diplômé, il commence en 1975 un parcours qui le mènera d’Allemagne au Maroc, où un blocus le contraint à réaliser un projet avec 100% de produits locaux: «Là, j’ai appris qu’on peut toujours trouver une solution. Mais il faut du dialogue, de la volonté et ne jamais baisser les bras», affirme cet optimiste convaincu.

Jusqu’en Côte d’Ivoire

Marié, il part travailler un an à New York, puis de Paris à la Côte d'Ivoire. Rentré en Suisse en 1984 et père d’une fille, il agence le sommet entre Gorbatchev et Reagan. C’est par le biais de contacts à l’Ecole hôtelière de Lausanne où il enseigne 9 ans, qu’il rejoint Fribourg. Il y conçoit notamment la Croix-Blanche de Posieux, l’Hôtel Le Vignier, la succursale de la Banque cantonale ou le Tableau d’eau de Forum Fribourg, pour lequel il remporte le concours des 25 ans de la foire. Et avec nombre de projets en cours, le septuagénaire n’en a pas fini avec sa passion.

Celui qui a sillonné la planète veut aujourd’hui secouer Fribourg, constatant un problème de conception d’espace: «Les gens sont lassés, ils sont de moins en moins au travail, il y a des querelles d’appropriation de l’espace. Et des maladies naissent, en lien avec le cadre construit, qui va mal.»

Le souci commun à ces constructions? «Elles manquent d’âme», juge-t-il. «Il faut créer un climat: que le bâti raconte une histoire, parle aux gens!» Au niveau style, elles restent basées sur une conception passée, sous-tendue par des scénarios de «vie nouvelle». «Il y a à l’EPFL et à Zurich un milieu de professeurs qui cultivent l’architecture moderne des années 1920, tout béton. C’était l’avant-garde d’une technologie nouvelle, mais cela fait 96 ans que ça dure. Le béton est une belle matière, mais il faut la gérer. On nous drille de dogmes d’un monde stérile, lisse, épuré, qui fait écho à la Seconde Guerre. C’est grave! L’être a besoin de s’exprimer», s’offusque-t-il, pointant aussi un impact financier: «Sans âme, les retours d’investissements tombent. Ce n’est pas une question de ce que ça coûte, ça fait partie de nos vies!»

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