Des espoirs peut-être trop grands

Mondiaux » Le niveau mondial n’a pas grand-chose à voir avec le niveau européen sur la planète athlétisme, et on a encore pu le constater hier soir à Budapest, à l’occasion de la 6e journée des championnats du monde. Les espoirs étaient pourtant grands du côté de Simon Ehammer et Ditaji Kambundji, trop grands peut-être.

L’Appenzellois et la Bernoise, peut-être timorés par l’enjeu, un poil poissard pour lui, victime de la concurrence pour elle, n’ont pas su se sublimer le jour J. Ça arrive, ce n’est pas grave et, surtout, ce n’est jamais définitif: en sport, il y a toujours un prochain combat!

Mordu, pas mordu?

Reste que la déception était aussi énorme qu’amère pour Simon Ehammer, stoppé dans son concours après trois essais seulement et avec un gros arrière-goût d’inachevé. Après un premier saut mordu, l’Appenzellois croyait bien avoir fait le plus dur lors du suivant, mais c’est le drapeau rouge qui a sanctionné cette deuxième tentative, longue d’au moins 8 m 20 à première vue. Mordu, pas mordu? On pourra discuter à l’infini. A nos yeux, non. A ceux du juge, seul… juge en la circonstance, justement, oui. Dommage: lorsqu’il y a doute, comme dans le cas précis, celui-ci devrait toujours profiter à l’athlète. Passons.

Poussé dans ses derniers retranchements, le recordman de Suisse (8 m 45) s’est élancé pour son troisième essai: 7 m 87. Insuffisant pour faire mieux que les 7 m 94 de l’Américain Williams, 8e et dernier qualifié. Concours terminé! «Je suis évidemment déçu, très déçu», avouait Ehammer, dépité. «A mon sens, mon deuxième essai n’était pas mordu. Mais je dois accepter le verdict du juge.» Ehammer peut nourrir de gros regrets. Si les deux premières places, accaparées par le Grec Tentoglou (8 m 52) et le Jamaïcain Pinnock (8 m 50) étaient hors de portée, le Suisse semblait parfaitement en mesure, comme l’an dernier à Eugene, de sauter sur le bronze, décerné hier soir à un autre Jamaïcain, Tajay Gayle, auteur d’un saut à 8 m 27. Rageant.

Pas une mauvaise course

Septième en 12’’70 de la finale du 100 m haies gagnée par la Jamaïcaine Danielle Williams en 12’’43, Ditaji Kambundji, elle, n’a pas livré une mauvaise course, mais on la pensait capable de faire mieux. Elle aussi! «C’était beaucoup mieux mercredi en demi-finales (12’’50, ndlr), c’est vrai», admettait, avec un grand sourire, la Bernoise. «Mais parvenir en finale constituait déjà un exploit en soi pour moi.»

C’est vrai, elle a raison, Ditaji. Seule Européenne en lice hier soir, elle aurait dû faire mieux que son record de Suisse (12’’47) pour accéder au podium, qui s’est négocié en 12’’46. Aucun regret, donc. Ditaji Kambundji n’avoue que 21 ans, Simon Ehammer 23. Cette histoire-là reste inachevée, bien sûr, mais elle mérite à coup sûr une suite.