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Cyclisme

Un sprint final en haute altitude pour le Tour d'Italie

Le Tour d’Italie attaque deux journées décisives pour couronner un vainqueur inédit quoi qu’il arrive


 Patrick Biolley

Patrick Biolley

26 mai 2023 à 04:01

Cyclisme » Le Tour d’Italie entre dans son sprint final. Enfin, tout est relatif puisque ce sont les plus forts dénivelés des trois semaines de course qui attendent les coureurs. Depuis l’abandon de Remco Evenepoel lors du premier jour de repos à cause du Covid, tout tend vers une bataille à trois entre l’actuel maillot rose Geraint Thomas, Primoz Roglic et João Almeida. Les trois hommes de tête ne sont séparés que de 39 secondes avant la terrible étape qui mènera le peloton vers les Tre Cime di Lavaredo aujourd’hui. Une arrivée au sommet à 2304 m d’altitude et des passages à 18% dans les quatre derniers kilomètres. Demain, les organisateurs ont prévu encore pire avec un contre-la-montre en côte de 18,6 km avec des passages à 22% dans un final à 15% de moyenne. Le lendemain seulement, Rome se présentera au peloton comme une délivrance après trois semaines terribles.

Avant cela, un coup de moins bien entre l’étape reine du jour ou le juge de paix chronométré de samedi et le Giro s’envolera, que ce soit pour les favoris ou les outsiders. De quoi, peut-être, laisser assez de place à une surprise, comme en 2020 quand Tao Geoghegan Hart l’avait emporté, ou la victoire de Jai Hindley lors de la dernière édition. S’ils ont perdu du temps hier, les outsiders placés à moins de 4 minutes sont en embuscade mais pourraient encore avoir leur mot à dire suivant le déroulé des événements. Présentation des acteurs qui animeront ces deux prochains jours.

1 » Geraint Thomas fait de la résistance

Vainqueur du Tour de France 2018, le Gallois a décidé de viser l’Italie cette année, à la base pour mettre son expérience au service de Tao Geoghegan Hart et de Pavel Sivakov. Les deux jeunes pépites hors course, Geraint Thomas a retrouvé ses jambes et ses ambitions. Ne pas se méprendre, depuis 2018 le Britannique n’est pas en préretraite puisqu’il est monté sur deux podiums du Tour de France, dont l’année passée. A 37 ans, depuis hier, il continue de faire de la résistance, en rose qui plus est. «Il a toujours été sous-estimé. Au début du Giro, les journalistes avaient presque oublié qu’il était là, ironise Daniel Atienza, ancien professionnel. Même son équipe semblait l’avoir oublié. On a dit qu’il était trop vieux et maintenant il risque bien de déjà sauver la saison d’Ineos.»

2 » Primoz Roglic, tirer un trait sur 2020

Qui n’a pas encore en mémoire la tête défaite du Slovène lors du contre-la-montre à la veille de l’arrivée sur les Champs-Elysées en 2020? Le casque de travers, la bouche ouverte, il avait laissé filer le Tour de France au profit de Tadej Pogacar qui, ce jour-là, avait volé sur la Planche des Belles Filles.

Trois ans plus tard, le scénario se répète: un chrono avec du dénivelé, le coureur de la Jumbo en position de force et une victoire sur un grand tour dans le viseur. «On se souvient de l’image terrible, mais on oublie que ce jour-là, en France, c’est surtout Tadej Pogacar qui avait été incroyable, sinon Roglic le gagnait ce Tour de France», souligne Danilo Wyss, ancien professionnel. «En 2020, il était le chassé, samedi, il sera le chasseur. Tout ressemble à la Planche, mais pas le contexte, soutient Daniel Atienza. S’il perd des plumes, ce sera plus vendredi, car les longues ascensions avec beaucoup de dénivelé, ce n’est pas son fort.»

3 » João Almeida, enfin la confirmation?

Troisième du général à 39 secondes de Geraint Thomas, le Portugais peut remporter un premier grand tour. A 24 ans, comme Tadej Pogacar, il vit dans l’ombre de la comparaison avec le Slovène. «Et on oublie trop souvent que son pire résultat sur un grand tour c’est 6e (il avait abandonné le Giro en 2022, ndlr), rappelle Daniel Atienza. Mais il ne soulèvera pas le trophée dimanche à Rome, simplement parce que les deux autres n’ont pas le choix et lui gagnera une autre fois, il le sait déjà. Cette troisième place lui offre de nouveaux galons et lui permet aussi de passer un palier.»

4 » Eddie Dunbar, le rebelle sur roues

L’ancien équipier de chez Ineos a fait un pas de retrait pour avoir des responsabilités dans l’équipe de bas de tableau Jayco. S’il rallie Rome, l’Irlandais marquera la plus belle page de l’histoire de son pays sur le Giro depuis le succès de Stephen Roche en 1987. Surnommé «le rebelle sur roues» par les médias de sa ville d’origine, Cork, après ses coups de sang plus jeune, Eddie Dunbar peut désormais courir à l’instinct, à la différence de son passage chez Ineos, quand la stratégie primait et où il devait davantage freiner qu’attaquer. «C’est la belle surprise de ce Giro. Il peut courir de manière plus naturelle dans une structure plus familiale, explique Daniel Atienza. Attention à lui, c’est un petit gabarit mais il a des références en contre-la-montre. Il ne sera pas ridicule samedi!» Malheureusement pour l’Irlandais, son retard de 3’39 risque d’être de trop.

5 » Damiano Caruso, encore trop juste

Le coureur de la Bahrain-Victorious a profité de l’absence du Bernois Gino Mäder et de la méforme de Jack Haig pour se présenter comme unique leader au sein de sa formation. Comme en 2021, quand Mikel Landa avait abandonné et que l’Italien avait terminé deuxième derrière Egan Bernal. «Il s’est découvert un tempérament de leader sur le tard, explique Danilo Wyss, son ancien coéquipier chez BMC. Mais depuis cette deuxième place en 2021, il s’est affirmé. C’est un mec solide, malheureusement pas au niveau d’un Roglic ou d’un Thomas.» Placé à 3’51 du maillot rose gallois, cela risque d’être trop juste pour Damiano Caruso. Ce d’autant plus que s’il rêve de remporter ce Giro, il devra faire la différence aujourd’hui, l’exercice chronométré n’étant pas son fort.

Si de belles histoires peuvent encore s’écrire dans les pentes du Passo Giau aujourd’hui ou du Monte Lussari demain, la victoire finale devrait logiquement revenir à un coureur du trio de tête. «Qu’un des trois explose, pourquoi pas, deux ce serait une surprise immense, mais les trois, c’est impossible, assure Daniel Atienza. Si je dois choisir, mon cœur me dit Thomas.» Et Danilo Wyss de conclure «Il y a une semaine, j’avais parié sur Almeida, mais là, ça devrait se jouer entre Roglic et Thomas.»

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