Pour eux, l’été sera moins long

Hockey sur glace » La BCF Arena plongée dans le noir, c’est sur le seuil de la salle de force qu’on trouve de la vie. De la porte qui s’ouvre s’échappent des voix, des rires, de la musique… et le chien de Nathan Marchon, une balle de tennis dans le museau. Leur saison terminée depuis un mois, les Dragons sont de retour à la tâche depuis le 27 mars. Au programme: deux semaines de fitness, deux semaines de vacances et une semaine d’entraînement individuel, avant la reprise officielle – à part pour les renforts étrangers et les joueurs au bénéfice d’un régime spécial – le 1er mai.

Bref, l’été sera long, très long pour tous les Suisses de Gottéron après l’élimination prématurée en pré-play-off. Tous sauf Christoph Bertschy et Sandro Schmid. Les deux attaquants figurent dans la sélection de Patrick Fischer, qui entamera mardi prochain sa préparation en vue du championnat du monde de Tampere et Riga (12 au 28 mai). En comptant David Aebischer et Andrea Glauser, ils ne sont «que» quatre Fribourgeois dans la liste des 24, Tristan Scherwey ayant décliné l’invitation pour des raisons familiales. Contractuellement lié aux Dragons jusqu’à la fin du mois, Connor Hughes est également de la partie. Le futur gardien du LHC profite du renoncement de Reto Berra (lire ci-dessous).

Depuis Madrid

Si la présence de Christoph Bertschy était attendue, celle de Sandro Schmid n’allait pas de soi. «Je m’attendais à ce que ma saison soit finie, même si j’avais l’équipe nationale dans un coin de la tête», confie le Lacois de 22 ans, qui a appris sa sélection depuis Madrid. «Patrick Fischer a appelé Christoph pour la lui annoncer. Quand il a su que nous étions en voyage d’équipe, il lui a demandé de me passer le mot. J’ai eu la confirmation de ma convocation quand on m’a ajouté dans le groupe WhatsApp.»

Pour leur permettre de maintenir leur niveau physique jusqu’au rassemblement de la semaine prochaine, les internationaux dont le championnat s’est terminé début mars ont reçu leur ordre de marche bien à l’avance. «C’était important d’être fixé rapidement. Cela évite de partir en vacances et de devoir tout rattraper derrière», sourit Schmid.

Pendant que le reste de la troupe profite de cette reprise précoce pour travailler la mobilité et soigner en douceur les petits bobos de ces derniers mois, le jeune centre et l’ailier de 29 ans – depuis hier – suivent un programme concocté par le préparateur physique Simon Holdener. Régime spécial dont on imagine facilement la teneur en voyant les gouttes de transpiration perler sur leur front. «La semaine passée et celle d’avant, on était sur la glace, Connor, Christoph et moi, liste Schmid. Sörensen et Kuokkanen sont aussi venus. C’était agréable, mais bizarre aussi. On n’a pas l’habitude de se retrouver patins au pied en petit comité à la fin mars…»

Quitte à remuer le couteau dans la plaie, rappelons qu’il y a une année jour pour jour, Gottéron baignait dans l’euphorie à la veille de lancer, face à Zurich, sa première demi-finale depuis huit ans. Killian Mottet soupire: «Les bons souvenirs de la saison 2021/2022 sont encore bien présents, ce qui accentue un peu plus la déception de cette année. Si j’étais content de revenir à la salle de force, j’avoue avoir eu de la peine, au début surtout, à regarder les play-off à la télé le soir.»

Retenu pour le tournoi international disputé à Fribourg à la mi-décembre, le N°71 est de ceux qui auraient pu espérer se faire appeler sous les drapeaux. Il n’a pas été surpris de ne pas l’être. «J’ai toujours dit que l’équipe nationale se méritait. La vérité, c’est que je sors d’un exercice en demi-teinte», souffle «Kiki» qui voit en cette coupure de six mois l’opportunité de se recentrer. «C’est ce qui est ressorti de mon entretien avec les entraîneurs, ajoute-t-il. Cela fait trois ou quatre ans que je ne fais pas la préparation estivale avec l’équipe. Cette fois, je vais pouvoir me concentrer à 100% sur Gottéron. On devra réagir la saison prochaine, moi le premier.»

Echapper au «cut»

Fatalement, Christoph Bertschy aura, lui, la tête ailleurs. A ses quatrièmes mondiaux («ne pas y aller serait une déception») d’abord, à ses examens de bachelor en ligne, prévus à la fin juin, ensuite. «J’ai envie et besoin de jouer, déjà pour évacuer toute la frustration en moi. Jamais notre saison n’aurait dû se terminer si tôt», tonne le Singinois, à qui il reste six ans de contrat à Saint-Léonard pour rectifier le tir.

Les chances de Sandro Schmid d’être du voyage de Riga sont nettement moins importantes que celles de l’autre assistant capitaine des Dragons. «Je suis conscient que les demi-finalistes ne sont pas encore là et que des joueurs de NHL vont débarquer, mais je me dis que rien n’est impossible. Je vais tout faire pour me montrer ces prochaines semaines», ambitionne le jeune homme aux six sélections, obligé de briller face à la Slovaquie (14 et 15 avril), puis éventuellement contre la France (21 et 22 avril) s’il entend survivre aux premiers «cuts». Sous peine de retrouver, dès le mois de mai et pour un bout de temps, la monotonie de la salle de force de la BCF Arena…