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Tout le poids du monde

Avec huit milliards d’habitants au compteur, la Terre pourrait en héberger plus. A condition de changer nos modes de vie.

Piétons à la rue de Romont, un samedi après-midi. Photo Lib/Alain Wicht, Fribourg, le 08.02.2020Alain Wicht/Alain Wicht/La LibertŽ

Thierry Jacolet

Thierry Jacolet

12 novembre 2022 à 15:54

Temps de lecture : 1 min

Population» Dites : « Surpopulation ». Le temps de prononcer ce mot, trois enfants sont nés dans le monde. Dites : « Ca fait beaucoup pour une seule planète » et c’est cinq organes reproducteurs de plus sur un terrain déjà bien outillé en la matière. Mercredi, la Terre aura officiellement 8 milliards d’habitants au compteur, selon l’ONU. Le double d’il y a 70 ans...  

Cette barre symbolique est franchie en pleine Conférence internationale sur le climat (COP27), comme si la planète voulait rappeler aux décideurs qu’elle n’en peut plus de porter tout le poids du monde. Ce signal s’ajoute aux autres alertes qu’elle envoie régulièrement sous forme d’inondations, de sécheresse, de zoonoses et autres virus… Des symptômes qui illustrent la pression démographique sur les ressources naturelles. Eclairage.

1) Huit milliards, c’est encore gérable ?  

La Terre n'a pas atteint la cote d'alerte. Elle aurait la capacité d’héberger plus que les huit milliards d’êtres humains du moment. « D’un point de vue des ressources, cela semble encore gérable », assure Philippe Wanner, professeur de démographie à l’Université de Genève. « Il n’existe pas d’optimum démographique. Une planète de 20 milliards d’habitants qui se comportent très bien en termes de sobriété peut être plus viable qu’une avec 5 milliards d’habitants qui dépensent le niveau de ressources des Occidentaux. » Les limites de la Terre ne n'est pas une question de surpopulation mais de consommation. 

2) La faute aux riches ou aux pauvres?  

Les émissions de CO2, la consommation d’énergie et le niveau de développement sont les meilleurs indicateurs de l'impact des individus sur leur environnement. Une étude de l’ONG d’Oxfam est parlante: 10% des plus riches sont responsables de plus de la moitié des émissions carbone dans le monde. Un Qatari émet 31 tonnes de CO2 par an, alors que les pays africains (sans l’Afrique du Sud) affichent une moyenne de 0,7 tonne. 

10,4

en milliard, la population mondiale estimée par l’ONU en 2080 

« Pour résoudre le problème du changement climatique et de la dégradation de la biodiversité, il faut trouver des solution visant à réduire les inégalités entre les pays développés et les pays vulnérables», avance Ion Karagounis, responsable des nouveaux modèles économiques et des questions d’avenir au WWF Suisse. « Cela passe par une élévation du niveau de vie des personnes pauvres et par une réduction de la consommation matérielle dans les pays économiquement bien développés en même temps. » 

Pour le bien de la planète et de ses habitants, un changement des modes de vie dans les pays aisés est prioritaire. Si la courbe démographique se tasse dans ces régions, la consommationn y est excessive. Tout le contraire des pays en développement: leurs populations en pleine croissance  (Afrique et Asie centrale surtout) ont un niveau de vie modeste qui ne demande qu’à augmenter. Ce « rattrapage » dans les pays fragiles très peuplés comme le Pakistan ou le Nigeria alourdirait l’addition. C’est pourquoi, ils doivent éviter de céder à la même tentation consumériste, gaspillage compris. « Il faut les aider à utiliser dès le départ les procédures et les techniques les plus efficaces et les plus respectueuses de l’environnement », relève Ion Karagounis. 

3) Les ressources sont-elles suffisantes ?  

La planète est tellement pillée que les voyants s’allument déjà pour certaines matières premières. Prenons les énergies fossiles, sans lesquels il ne serait pas possible de couvrir 80% des besoins en électricité dans le monde. Les experts donnent au gaz naturel encore 50 à 70 années de durée de vie au rythme de la consommation actuelle. Les stocks de pétrole conventionnel peuvent cracher encore près de 130 ans. Le charbon sera au bord de l’épuisement dans une centaine d’années. 

L’essor démographique et l’industrialisation des pays émergents comme l’Inde et de la Chine (2,8 milliards d’habitants à eux deux) dopent la demande mondiale en énergie qui pourrait grimper de 45% d’ici l’an 2030. D’où l’urgence d’encourager le renouvelable comme le soleil ou le vent. Les besoins croissants en eau vont aussi aggraver les tensions autour de cette ressource. 

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