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La jeunesse politise les réseaux

Page Jeunes - Votations • A l’approche du 5 juin, les débats politiques sont nombreux sur les réseaux sociaux et les jeunes particulièrement actifs dans cet échange d’informations. Eclairage.

En période de votations, les réseaux sociaux fourmillent d’informations politiques. © Marielle Savoy
En période de votations, les réseaux sociaux fourmillent d’informations politiques. © Marielle Savoy

Florian Crausaz et Marielle Savoy

Publié le 27.05.2016

Temps de lecture estimé : 3 minutes

«Chez nous, il n’y a pas de réelle stratégie d’utilisation des réseaux sociaux en politique.» Le constat de Stéphane Koch, spécialiste des questions numériques, est sans appel: en la matière, la Suisse est en retard sur les pays voisins, et notamment la France. Mais il concède tout de même un début de prise de conscience: «De manière générale, ce sont des outils qui sont de plus en plus ancrés dans notre société. Les gens ont compris qu’ils ne sont pas seulement utilisables dans un but de divertissement.»

Cette prise de conscience proviendrait-elle de la jeunesse? Les cadets du monde politique sont en tout cas particulièrement impliqués sur ces nouveaux médias. A l’image de Blaise Fasel, 25 ans, président des Jeunes démocrates-chrétiens fribourgeois et conseiller général en ville de Fribourg, actif sur Facebook et Twitter: «Aujourd’hui, ces outils sont des composantes nécessaires en politique. Durant les périodes électorales, j’y consacre environ une heure par jour.»

Entre chatons et foodporn

A ses yeux, les campagnes traditionnelles, avec leurs affiches et leurs stands dans la rue, restent toutefois indispensables. Notamment parce qu’il est difficile de convaincre de nouveaux électeurs via les réseaux sociaux. «Lorsque je publie quelque chose, je sais que ce sera vu par mes amis mais pas forcément par des personnes qui me sont inconnues. Pour cela, les médias classiques avec des débats directs et argumentatifs auront plus d’impact.»

Mais les jeunes politiciens ne sont pas les seuls à amener votations et élections sur l’écran de nos ordinateurs. Les jeunes utilisateurs des réseaux sociaux jouent aussi un rôle important. Comme beaucoup, Damien Junod, 23 ans, n’hésite pas à relayer plusieurs fois par jour des articles ou des idées politiques: «Je diffuse ce qui me paraît intéressant en me disant que cela ne fait pas de mal au fil d’actualité de mes amis, entre les chatons, le foodporn et les invitations à Candy Crush», ironise le jeune homme. Il émet toutefois quelques doutes quant à l’utilité d’une telle pratique: «Au final, lorsque l’on partage des informations sur ces plateformes, nos publications restent dans un cercle restreint: celui de nos proches, qui ont les mêmes opinions, la même idéologie. Du coup, je ne suis pas sûr qu’on nourrisse un réel débat.»

Précautions

Mais pas de quoi décourager Damien, qui estime que les réseaux sociaux ont malgré tout un intérêt pour s’instruire politiquement: «On découvre parfois des actions qui se déroulent à l’échelle locale et dont les médias traditionnels parlent peu. Il y a aussi un aspect social, avec des discussions qui se créent.»

Si les communications disponibles sur Facebook et Twitter sont très nombreuses, Stéphane Koch tient à le rappeler, l’information politique diffusée sur ces plateformes exige une vigilance particulière, car les politiciens utilisent ces médias pour obtenir des voix, quitte à, parfois, biaiser des faits ou des chiffres: «Il faut toujours avoir le réflexe d’évaluer la qualité du message et avoir un esprit critique sur ce qui est publié.» Et le spécialiste des questions numériques de conclure que «l’avantage avec internet, c’est que l’on peut facilement aller vérifier…»

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