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Culture

La résurrection d'une oeuvre oubliée

La Capella Concertata dirigée par Yves Corboz a offert, comme à son habitude, un certain renouveau dans les concerts de la Semaine Sainte. Cette année, c’est en jouant l’oratorio Cristo nell’Orto de Johann Joseph Fux que l’ensemble s’est distingué.

Les Concerts de la Semaine sainte, la Capella Concertata, dir. Yves Corboz Les coulisses dÕavant concert Photo Lib/Alain Wicht, Fribourg, le 15.04.2022Alain Wicht/Alain Wicht/La Liberté

Guillaume Castella

Guillaume Castella

16 avril 2022 à 01:48

Critique » Entre cérémonies liturgiques et concerts autour de la crucifixion, la Semaine Sainte est animée chaque année par la représentation des chefs-d’œuvre les plus célèbres du répertoire tels que les Passions de Jean-Sébastien Bach. Dans cette prolifération musicale, les Concerts de la Semaine Sainte et son directeur Yves Corboz insufflent régulièrement un vent de fraîcheur en redécouvrant quelque œuvre oubliée du répertoire baroque. La Capella Concertata nous a gratifié jeudi soir et vendredi matin derniers de l’oratorio Cristo nell’Orto du contrapuntiste viennois Johann Joseph Fux. 

Si l’œuvre d’un théoricien peut faire craindre une démonstration technique austère, la partition de Fux conserve une vitalité dans sa conception. Elle repose néanmoins sur une écriture sévère distante de l’esthétique spontanée de l’école napolitaine en vogue au début du XVIIIe siècle.

Contraste vocal

La difficulté de l’exécution consiste alors à rendre transparente une texture de lignes mélodiques intriquées. L’acoustique étouffante de l’église Saint-Michel, à Fribourg, ne facilite pas la lisibilité du contrepoint. Associée aux tempos posés de la battue de Corboz, la sonorité orchestrale lisse rend la succession des numéros quelque peu monotone. Ainsi, le vibrato d’archet de l’air Mira, o cieco peccator, tremblement d’angoisse du Rédempteur, aurait mérité une articulation plus franche. D’autre part, le presto du final de la première partie tend vers un moderato sans grand relief, certainement pour ne pas surcharger la réverbération du lieu. Mais cette approche solennelle de la partition s’accorde avec l’articulation dramatique du livret de Pietro Pariati conçu comme une réflexion allégorique autour du péché et de la rédemption. Ainsi, chaque chanteur met ses aptitudes vocales au service d’une figure idéale.

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