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Société

Ecrire pour s’ouvrir l’horizon

La maîtrise de l’écriture représente un atout considérable. Il existe des formations certifiantes

Les compétences d'écriture sont recherchées dans nombre de secteurs d'activité, de la communication aux professions sociales en passant par la vulgarisation scientifique.

 Gilles Labarthe

Gilles Labarthe

25 mai 2020 à 04:01

Cours » Envie de faire le point sur votre parcours professionnel, après une longue période de confinement? De s’aérer et d’ouvrir les fenêtres, pour voir plus loin? La pratique de l’écriture peut apporter de nouveaux outils à votre carrière et peut-être, de nouvelles perspectives d’avenir. En Suisse romande, plusieurs formations spécifiques et certifiantes ont émergé ces dernières années. Le spectre s’avère plus large qu’on ne l’imagine, tant la maîtrise des principes de l’écriture reste indispensable à une grande variété de secteurs d’activité, dans le privé comme dans les professions sociales ou les milieux scientifiques.

Le succès actuel de ces cursus n’a rien d’étonnant. Il est le signe d’une prise de conscience: aujourd’hui encore, beaucoup d’étudiants et de jeunes cadres sortant des filières spécialisées ne font preuve que d’une connaissance encore parcellaire en la matière. Des carences sont constatées également au niveau universitaire. Sur un autre plan, il est aussi peu constructif de penser que la pratique de l’écriture ne s’apprend que «sur le tas», qu’on est «doué ou pas». Comme pour d’autres «arts» – qu’ils soient plastiques, culinaires ou autres –, chacun peut s’améliorer en suivant des cours et se perfectionner grâce à des ateliers ou du coaching sur mesure. Oser se lancer… voilà la première étape, nécessaire pour dépasser les terribles blocages liés à l’angoisse de la page blanche ou au manque de confiance en soi.

Objectif: efficacité

Les secteurs de la communication d’entreprise, du marketing et du journalisme sont bien sûr aux premières loges pour ce type de formation continue. En termes d’offre, Fribourg est particulièrement bien doté, avec par exemple la possibilité de suivre une formation CAS (Certificat d’études avancées) de rédaction stratégique en communication, au sein de la Haute école de gestion-HEG. L’écriture y est abordée avec des objectifs très clairs, privilégiant l’efficacité.

«Rédiger des textes percutants et ciblés pour des lecteurs exigeants, adapter ces textes a divers types de supports (papier ou online) sont des compétences professionnelles recherchées. Les maîtriser est un facteur de succès pour votre carrière», expliquent les responsables de formation. Il s’agit d’un CAS encore unique en son genre dans le cadre des hautes écoles en Suisse romande, même si d’autres institutions universitaires et écoles professionnelles se positionnent toujours davantage sur ce créneau porteur, comme à Lausanne, en le liant au potentiel des technologies numériques (voir ci-contre).

Récits de vie

La pratique de l’écriture signifie aussi temps de pause, de réflexion, d’écoute. De nombreuses activités professionnelles redécouvrent périodiquement ses avantages, avec une attention particulière accordée à la parole, au dialogue, à l’échange. Le but est alors de faire émerger des formes de connaissances, en mobilisant les outils et richesses du langage. Proposé par l'Université de Fribourg, le CAS de recueilleurs et recueilleuses de récits de vie ouvre ainsi sur de toutes autres perspectives. La pratique de l’écriture permet ici de construire «une relation qui prend le récit de vie comme moyen de se dire et de penser son devenir», comme le soulignent les initiateurs de cette formation certifiante originale. Elle s’adresse plus spécifiquement aux «professionnels ou bénévoles de la relation»: celles et ceux qui travaillant dans les milieux de la santé, de l’éducation, de la médiation…

L’approche biographique est également centrale pour les psychologues, psychothérapeutes, éducateurs. En tant que pratique et méthode d’entretien, ajoutons que le récit de vie concerne encore les avocats, juges, instructeurs, recruteurs et responsables RH, agents du développement local, archivistes… sans compter toutes celles et ceux qui s’y intéressent pour des projets personnels, familiaux, etc.

Ce CAS, plus jeune, forme désormais sa septième volée. Il est conseillé de s’inscrire bien à l’avance: «Il y a un vrai succès pour ces formations sur les récits de vie», témoigne à Lausanne le journaliste Alain Maillard, qui s’est réorienté depuis 2014 vers des activités de coach en écriture, rejoignant l’équipe de l’institut privé Désir d’écrire, basé à Vevey. «J’ai réalisé un manuel de l’écriture des récits de vie, pour cet institut qui a déjà formé depuis sa création en 2013, des centaines de particuliers à distance, dans les pays francophones comme en Suisse romande. Cette formation n’est pas certifiante, mais elle permet d’accompagner des projets personnels, avec aussi des conseils en vue de l’édition et de la publication.» Alain Maillard fait aussi partie de l’équipe des 15 animateurs-intervenants composant le Rraté, Réseau romand d’ateliers d’écriture. Ce réseau peut également représenter une alternative, pour un coaching adapté à la demande assuré par d’excellentes plumes et des auteurs reconnus.

Transmettre les sciences

Le récit de vie a connu ces dernières décennies plusieurs vagues d’engouement. Déjà dans les années 1970, il était porté par des courants idéologiques et scientifiques cherchant à replacer l’humain au centre de la société, et à mettre en valeur la «mémoire collective», face aux récits officiels des institutions. Il s’avère encore précieux dans le travail des sociologues, ethnologues, historiens, afin de «saisir» dans les récits recueillis des évolutions de faits ou de comportements sur la durée. En France, le sociologue et directeur de recherche au CNRS Daniel Bertaux a contribué par ses travaux à la popularisation de cette approche, qui a amené dans la foulée une réflexion plus générale sur le rôle du texte écrit dans la production scientifique, et sa facture.

Ecriture et science sont donc intimement liés: la première est garante de la transmission, médiation et bonne vulgarisation de la seconde. A Genève, la Faculté des lettres poursuit cette réflexion sur le renforcement des compétences rédactionnelles et propose une formation originale, déclinée en deux offres: un CAS en techniques de la communication écrite, proposé depuis déjà 25 ans, et un Diplôme de formation continue (DAS). Autant de pistes pour se perfectionner.

https://www.heg-fr.ch/fr/formation-continue/cas/redaction-strategique-en-communication/

https://www3.unifr.ch/formcont/fr/formations/detail.html?cid=1872

https://www.unige.ch/formcont/cours/cas-comm-ecrite

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