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Suisse

La RTS bat sa coulpe

A la suite de trois rapports sur le harcèlement à la RTS, deux cadres sont sanctionnés, deux autres quittent leurs fonctions. Darius Rochebin n’a pas commis d’infraction pénale


 Xavier Lambiel

Xavier Lambiel

17 avril 2021 à 01:23

Temps de lecture : 1 min

Médias » Face aux caméras de ses studios de Berne, le président du Conseil d’administration Jean-Michel Cina exprime «ses profonds regrets» aux victimes de harcèlement. A sa suite, le directeur de la SSR Gilles Marchand bat sa coulpe: «Nous avons commis des erreurs si nos outils n’ont pas été utilisés par ceux qui souffraient.» Ces excuses tranchent avec l’information que beaucoup retiendront de cet exercice de communication. Même s’il a bien utilisé des faux comptes sur les réseaux, l’ancien présentateur Darius Rochebin semble blanchi. L’enquête interne ne «permet pas de conclure à des actes relevant du harcèlement sexuel ou moral». Elle ne relève pas non plus d’infraction pénale.

Six mois après un article du Temps qui collectionnait de nombreux témoignages pour montrer les «dysfonctionnements de la RTS», les experts ont rendu leurs premières conclusions. La RTS ne peut pas les rendre publiques, «en raison de la protection de la personnalité à laquelle l’employeur est soumis». Selon son directeur, Pascal Crittin, elles sont cependant «claires». Dans la tour à Genève, le malaise est profond: «L’enquête a révélé l’existence de situations inacceptables qui ont engendré de la souffrance.»

Bernard Rappaz quitte la RTS

En dehors de l’ancien présentateur vedette Darius Rochebin, l’article du Temps avait mis en cause deux cadres des actualités. Entre 2005 et 2015, une quinzaine de collaborateurs du service public se sont plaints du premier, accusé de mobbing et de harcèlement sexuel. Habitué à envoyer des messages suggestifs, il semble responsable de plusieurs démissions et épuisements professionnels. D’abord placé dans un «placard doré», il a été licencié. Réputé pour ses «mains baladeuses», et accusé de s’être montré très insistant envers ses subalternes, le second a écopé d’une sanction formelle.

13 ans

que Bernard Rappaz est rédacteur en chef

Dans la même conférence de presse, deux autres départs ont été annoncés. Rédacteur en chef des actualités TV depuis 13 ans, Bernard Rappaz quitte la RTS de son plein gré. Supérieur de Darius Rochebin et des deux cadres précités, il avait choisi de se retirer des opérations le temps de l’enquête. Cette dernière ne lui impute pas de faute grave, mais relève des «insuffisances managériales». Dans un courriel envoyé à la rédaction ce vendredi, il accepte ce reproche et affirme n’avoir «jamais toléré de comportements inadéquats». Il explique sa décision: «Il ne serait pas réaliste d’imaginer un retour à la rédaction en chef. Franchement, l’envie n’y est plus.»

Le directeur des ressources humaines Steve Bonvin renonce lui aussi à ses fonctions, mais devrait rester dans l’entreprise. Les deux hommes ont-ils servi de fusibles? Selon le directeur Pascal Crittin, «ce sont eux qui ont choisi de laisser leur place».

Gilles Marchand reste

Au-delà des destins personnels, cette crise pose surtout la question de la chaîne de responsabilités. Les experts exonèrent le directeur actuel de la RTS, mais relèvent la «responsabilité secondaire» de son prédécesseur, Gilles Marchand, désormais directeur de la SSR. En 2014, une enquête sur l’un des fameux trois cas n’a pas abouti parce que ce dernier n’avait pas bien défini le périmètre de l’investigation.

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