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Football

Le baiser forcé de Luis Rubiales est devenu affaire de société en Espagne

Le scandale provoqué par le baiser forcé à la joueuse Jenni Hermoso au soir de la Coupe du monde a dépassé le cadre du monde du football pour devenir une affaire de société

Le soutien populaire pour les joueuses de l’équipe d’Espagne (ici, à Madrid) est énorme. © Keystone

Diane Cambon, Madrid

Diane Cambon, Madrid

30 août 2023 à 13:05

Temps de lecture : 1 min

Football » Retiré à Motril au sud de l’Andalousie, dans sa ville natale, Luis Rubiales garde le silence. Seule sa mère Angeles plaide encore pour son fils, demandant que cesse cet «acharnement injuste contre son fils». Pour faire entendre sa voix, elle s’est enfermée dans l’église du Divino Pastor de son quartier, où elle menace de maintenir une grève de la faim «jusqu’à la mort» tant que Luis ne retrouve pas grâce aux yeux du monde.

Or, le patron du football vient de perdre ses derniers soutiens. Du moins publiquement. Les membres de la fédération régionale de football, lesquels avaient applaudi chaleureusement l’intervention musclée de leur patron vendredi dernier, ont demandé lundi soir, au bout de six heures de réunion, la démission immédiate de celui qui a fait trembler le socle du football espagnol. Certains envisageaient seulement une motion de censure, mais vu l’ampleur du scandale, la demi-mesure n’était plus à l’heure du jour.

Manifestations d’appui

La presse espagnole parle du MeToo espagnol du football encouragé par les nombreuses manifestations d’appui aux joueuses de la sélection, la Roja, venant aussi bien de la rue que des plus hautes instances du pouvoir comme le premier ministre espagnol Pedro Sanchez. Même l’ONU a exigé à l’Espagne de faire le ménage au sein de ses fédérations sportives considérées comme trop sexistes.

Car, le feuilleton Rubiales, qui passionne l’Espagne depuis plus d’une semaine, est avant tout une affaire de sexisme et d’abus de pouvoir au sein du sport espagnol. Le comportement de Luis Rubiales en est la caricature: geste obscène dans la tribune le jour de la victoire, les insultes à la radio contre les «idiots» qui s’offusquent d’un baiser, la pression exercée sur la joueuse pour qu’elle change son discours, des excuses exprimées sans aucune conviction puis la conférence de presse, où il pointe du doigt «le faux féministe, qui veut sa mort sociale». Au fur et à mesure que les jours passent, on découvre de nouvelles affaires instruites par la justice qui laissent une impression désagréable sur la gestion de la fédération de foot: subventions touchées pour l’organisation de la Supercoupe d’Espagne en Arabie saoudite, voyages privés payés à New-York par la fédération ou encore fêtes célébrées avec des prostitués dans des villas de luxe.

Les langues se délient

Les langues se délient aussi au sein du football féminin sur les conditions des joueuses. Ces dernières avaient été taxées de capricieuses lorsqu’elles avaient exigé de meilleurs salaires quelques mois avant le Mondial. Béatriz Alvarez Mesa, présidente de la Ligue féminine, se réjouit d’avoir vu éclater au grand jour l’affaire Rubiales: «Je ne suis pas surprise de cette attitude inappropriée (…) ce n’est pas quelque chose d’isolé et encore moins de spontané. L’agressivité, l’arrogance et le mépris permanent ont toujours été présents dans les relations personnelles et institutionnelles. Ce qui s’est passé est que le personnage que beaucoup d’entre nous connaissons en privé est apparu en public.»

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