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Suisse

Effet Greta à Zurich

Sensation: le PLR perd son 2e siège au Conseil d’Etat et le camp vert réalise une poussée historique


 Ariane Gigon, zurich

Ariane Gigon, zurich

25 mars 2019 à 02:01

Elections cantonales » Triple surprise hier à Zurich: Verts et Vert’libéraux ont presque doublé leur représentation au Grand Conseil. L’écologiste Martin Neukom, 33 ans, spécialiste en énergie solaire, a été élu au Conseil d’Etat, au détriment du deuxième siège PLR, qui n’avait jamais compté qu’un seul et unique élu à l’exécutif cantonal. Et l’UDC perd 5,5% d’électeurs et neuf mandats, un recul inédit.

Les élections zurichoises sont toujours très attendues car, comme celles des cantons du Tessin, de Lucerne et de Bâle-Campagne, elles ont lieu quelques mois avant les fédérales. Mais près d’un Suisse sur six est Zurichois, ce qui transforme ces élections en plus grand test cantonal.

Le résultat pourrait être résumé en deux mots: «effet Greta». Les deux partis portant l’écologie dans leur nom, les Verts et les Vert’libéraux, sont les grands vainqueurs des élections. Si les sondages pronostiquaient un bon score à Martin Neukom, personne n’avait prévu qu’il passerait l’obstacle sans grand problème, obtenant même un meilleur résultat que l’UDC Natalie Rickli, élue en septième position. Le libéral-radical Thomas Vogel, qui était appelé à reprendre le deuxième siège du parti, échoue pour 7000 voix.

Le Conseil d’Etat est ainsi désormais composé de deux PS, Mario Fehr et Jacqueline Fehr, confortablement réélus, de deux UDC, Ernst Stocker et Natalie Rickli, d’une PDC, Silvia Steiner, d’une PLR, Carmen Walker Späh, et d’un écologiste.

Le camp vert a bénéficié d’une mobilisation inédite – dans les villes et dans les campagnes (voir ci-après) – liée notamment aux manifestations des jeunes en faveur d’actions pour le climat. Il y a huit ans, l’accident de Fukushima avait déjà porté un vert au gouvernement. Il en avait toutefois été éjecté en 2015, en partie à cause d’erreurs sur certains dossiers.

Nouveaux équilibres

Le Grand Conseil subit lui aussi un bouleversement important: l’UDC, qui détenait encore 56 sièges en 2007 (sur 180), puis 54, en perd 9 d’un coup. Son poids électoral se situe dés-ormais à 24,46%, contre 30% cette dernière décennie. Deuxième parti, le PS perd un siège (à 35, soit 19,3% des électeurs). Il est «celui des partis représentés au Conseil fédéral qui s’en sort le mieux», comme le dit la présidente du parti cantonal et conseillère nationale Priska Seiler Graf.

Car le PLR, troisième parti cantonal, perd aussi des plumes, deux mandats parlementaires, et obtient 15,66% des voix. Andreas Ladner, politologue de l’Institut de hautes études en administration publique (IDHEAP) de Lausanne, estime que les citoyens sanctionnent les partis traditionnels représentés au Conseil fédéral, car «ils ne sont plus capables de trouver des solutions communes».

Le PLR, dont les derniers résultats aux élections communales et cantonales donnaient l’impression qu’il avait réussi à repartir à la hausse, se retrouve stoppé net. Le président du parti Hans-Jakob Boesch ne cache pas une «amère déception». Sur le repositionnement de son parti quant au climat, il estime que ce dernier «était encore trop récent».

Quant au recul enregistré par l’UDC, il peut être vu, selon le président cantonal Konrad Langhart, comme un correctif, dont il n’est toutefois «pas très heureux». «Les Suisses n’aiment pas les choses qui dépassent, dit-il, et notre score jusqu’ici (30%) était très élevé pour le système helvétique.»

Du côté des Vert’libéraux, le coprésident Nicola Forster estime que son parti a «créé un troisième pôle, progressiste, attirant des gens qui ne veulent pas de solutions extrêmes». «Nous avons choisi les deux thèmes qui vont définir le sort de la Suisse pendant des décennies, le climat et la question européenne.»

La présidente des Verts Marionna Schlatter-Schmid voit dans la volonté citoyenne de «renforcer le camp écologique» le mandat, pour son parti et les Vert’libéraux, de mieux travailler ensemble. «Cela ne sera pas toujours facile sur les questions économiques ou financières.»

Réflexions nationales

Dans les officines des partis nationaux, le scrutin zurichois a évidemment mobilisé les esprits hier. La présidente des Verts Regula Rytz trouve l’élection d’un jeune ingénieur en énergie solaire «sensationnelle»: elle prouve que «le travail effectué depuis des années porte ses fruits». La Bernoise est persuadée que le sujet restera à l’agenda politique encore longtemps.

Autre Bernois, le président de l’UDC suisse Albert Rösti trouve dans l’élection de Natalie Rickli une petite consolation à la défaite «qu’il faut reconnaître», admet-il. «Nous n’avons pas réussi à expliquer la nécessité de conserver notre indépendance dans le dossier européen.» Une séance est prévue vendredi pour définir une stratégie d’ici aux élections fédérales.

Si le PS n’a pas répondu à notre sollicitation, Petra Gössi, présidente du PLR, a fait savoir qu’elle était «heureuse d’avoir lancé un sondage sur la thématique du climat auprès des membres du parti, afin de pouvoir agir en la matière et joindre les gestes à la parole. Toutefois, le PLR défendra une politique environnementale libérale, limitant les interdictions et favorisant les incitations.»

Pour la présidente, le fait que le PLR ait perdu des sièges à Zurich ne signifie pas qu’il soit en perte de vitesse au niveau fédéral. «Nous conservons notre objectif de devenir le deuxième parti du pays devant le PS», ajoute-t-elle.

Prochains tests cantonaux: Lucerne, dimanche prochain, qui sera instructif sur l’état de santé du PDC. Bâle-Campagne réélit ses autorités le même jour.

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