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Suisse

Guerre et mauvais coups. La campagne sur une 13e rente s’emballe

La campagne sur une 13e rente AVS se durcit. Les camps s’accusent mutuellement de pourrir les débats. Même d’anciens conseillers fédéraux s’en mêlent.

Benjamin Roduit (à gauche) et Pierre-Yves Maillard. © Keystone

Guillaume Chillier

Guillaume Chillier

7 février 2024 à 20:55

Temps de lecture : 1 min

C’est comme un film dans lequel on sent une tension grandissante, une histoire à la limite de la rupture. S’ajoutent à la dramaturgie d’anciennes gloires de la politique suisse et une guerre déclarée des chiffres. Des conseillers fédéraux qui se jettent dans la campagne pour combattre l’initiative pour une 13e rente AVS? Du jamais-vu ou presque… Discutable et indécent, taclent les partisans de l’initiative. Tout à fait compréhensible au vu des enjeux, rétorquent leurs adversaires. Des mêmes chiffres mais des calculs complètement différents? Chacun accuse l’autre de friser la malhonnêteté; chacun se dit victime des demi-mensonges de l’autre… Voilà qui est symptomatique d’une campagne qui ne déraille pas, mais qui se durcit sensiblement à moins d’un mois de la votation (lire ci-contre).

«Contre notre initiative, la campagne est hystérique et mobilise des moyens sans précédent», soutient Pierre-Yves Maillard, sénateur socialiste et président de l’Union syndicale suisse (USS). En première ligne pour défendre «son» initiative, il assure: «Nous n’insultons personne, nous parlons des conditions de vie des gens, nous expliquons que notre proposition est nécessaire et finançable en reprenant des chiffres vérifiables. En face, les accusations dépassent la limite de l’outrance.» L’USS est en plein dans une guerre des chiffres qu’elle compte bien gagner: ce jeudi, elle organise une conférence de presse pour fact checker les «sombres» scénarios financiers de l’AVS. Là aussi, c’est du jamais-vu.

Benjamin Roduit n’est pas dans le même camp que Pierre-Yves Maillard, mais il dit peu ou prou la même chose. «Le climat de la campagne se détériore depuis quelques jours.» Le conseiller national du Centre prend l’exemple de propos contre l’initiative qu’il a tenus la semaine dernière au Nouvelliste. «Après la publication, j’ai reçu des messages très virulents et vexatoires. J’ai aussi reçu des insultes. Certains m’ont dit que je trahissais l’Eglise et ses traditions d’aide et de solidarité», soupire le Valaisan et catholique pratiquant. «Je ne peux que déplorer cette guerre de tranchées. Nous pouvons avoir des idées différentes sur le chemin à prendre pour atteindre un objectif, mais nous ne pouvons pas être prêts à utiliser tous les moyens», relève l’élu.

Lettre aux aînés

Cette semaine, des acteurs de renom ont sauté à pieds joints dans le débat avec une offensive plutôt impressionnante: 700 000 lettres envoyées à des retraités alémaniques pour dire à quel point cette 13e rente est «extrêmement dangereuse» financièrement pour le pays, indique la presse alémanique. Les signataires: Adolf Ogi (udc), Doris Leuthard (centre) et Johann Schneider-Ammann (plr). Une version française est signée Joseph Deiss (centre) et Pascal Couchepin (plr). Les Romands devraient aussi voir apparaître dans les journaux régionaux une missive similaire sous forme d’annonce. Dans les journaux de CH Media, une autre ancienne conseillère fédérale, Ruth Dreifuss (ps), trouve ces démarches «étranges et inhabituelles».

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