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Suisse

Michael Graber - Jacqueline de Quattro. un bras de fer brûlant sur la loi climat

L’UDC est bien seule à s’opposer à la loi climat. Michael Graber en débat avec la PLR Jacqueline de Quattro


 Guillaume Chillier et Bayron Schwyn

Guillaume Chillier et Bayron Schwyn

23 mai 2023 à 04:01

Environnement » Deux ans après le refus d’une loi sur le CO2, le peuple se prononcera le 18 juin sur la loi climat. Les conseillers nationaux Jacqueline de Quattro (plr, VD), en faveur du «oui», et Michael Graber (udc, VS), également président du comité référendaire, croisent le fer.

Deux ans après l’échec de la loi sur le CO2, l’UDC est à nouveau le seul parti à dire «non». Ne tenez-vous vraiment pas à préserver l’environnement?

Michael Graber: Il ne faut pas réduire l’environnement au climat. Je m’engage pour un environnement sain, une eau, un air et des terres propres. Mais il faut arrêter de croire que nous pourrons influencer le changement climatique uniquement grâce à des objectifs inscrits dans une loi. Celle-ci servirait juste à nous donner bonne conscience.

«Agir est clairement dans notre propre intérêt.»
Jacqueline de Quattro

Cette loi serait donc inutile?

Jacqueline de Quattro: Non, agir est clairement dans notre propre intérêt. Notre pays alpin est deux fois plus touché par la hausse des températures. Nos glaciers reculent, l’eau et la neige se font plus rares. Les dégâts des catastrophes naturelles coûtent des milliards par année et les mesures de protection plusieurs centaines de millions. Regardez le village grison de Brienz qui vient d’être évacué!

Cette loi est également l’un des piliers indispensables pour que la Suisse respecte l’engagement international qu’elle a pris en signant l’Accord de Paris.

Michael Graber: Nous avons effectivement signé l’Accord de Paris en 2015, mais je vous rappelle que le peuple suisse n’a jamais eu son mot à dire. Et la plupart des signataires n’ont presque rien fait depuis. Regardons les chiffres: la Suisse n’est aujourd’hui responsable que de 0,1% des émissions mondiales de CO2 et a participé à la hausse des températures mondiale à hauteur de 0,002 degré depuis 1850 (si les émissions de la Suisse contribuent à moins de 0,1% du total mondial, la prise en compte de l’influence directe ou indirecte de son économie mondialisée fait monter ce chiffre à 2 ou 3%, selon une étude parue en 2022, ndlr).

Croyez-vous donc vraiment que nous aurons une quelconque influence sur des événements climatiques graves à venir? Pas moi…

Jacqueline de Quattro: Je crois, moi, que nous avons une responsabilité envers les générations futures. Avec la nouvelle loi, nous produirons davantage d’énergie nous-mêmes, gaspillerons moins, et renforcerons notre sécurité énergétique en diminuant notre dépendance de l’étranger. Le tout sans taxes, sans interdictions et en laissant de l’espace à l’initiative individuelle.

Michael Graber: Il est perfide de dire que la loi ne contient pas d’interdictions. Il est tout simplement impossible d’atteindre les objectifs fixés sans interdire. Pour le secteur des transports par exemple, nous devons avoir réduit nos émissions de 100% en 2050. Autrement dit, les véhicules à essence ou diesel ne seront plus admis après cette date, et donc interdits des années plus tôt.

«il serait simplement irresponsable de voter «oui», avec l’impact négatif énorme que cette loi aura sur le pouvoir d’achat et sur les finances du pays.»
Michael Graber

Comment rassurer ceux qui craignent des interdictions?

Jacqueline de Quattro: La loi CO2 a été refusée en 2021 car elle prévoyait des taxes et des interdictions. Ici, c’est une tout autre approche: au lieu de punir la population, nous la soutenons. Nous accompagnons le changement en récompensant ceux, entreprises y compris, qui participent à la transition. La loi accorde des subventions de 3,2 milliards de francs, réparties sur dix ans, pour remplacer les chauffages, assainir les bâtiments et encourager l’innovation.

Michael Graber: Moi aussi je pense aux générations futures. Et il serait simplement irresponsable de voter «oui», avec l’impact négatif énorme que cette loi aura sur le pouvoir d’achat et sur les finances du pays. Une étude de l’Association suisse des banquiers estime que si la Suisse veut atteindre avec l’objectif «zéro net» (ne plus rejeter davantage de gaz à effet de serre que ce que les réservoirs naturels et artificiels peuvent absorber, ndlr) d’ici à 2050, elle doit procéder à des investissements de près de 400 milliards de francs.

Jacqueline de Quattro: Comme vous le dites, ce sont des investissements et non des coûts…

Michael Graber: Oui, mais nous ne ferions que remplacer ce qui fonctionne déjà, sans créer de valeur ajoutée. Et il faudra bien trouver cet argent quelque part. Qui sont ceux qui devront mettre la main à la poche? Les citoyens. BSC, ESH médias


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