Samia Hurst. «Un moyen pour éviter les clusters »

Pandémie » L’annonce est d’abord passée inaperçue cette semaine, avant de générer une opposition farouche des syndicats, entre autres. Lors de son intervention sur l’extension du certificat Covid aux restaurants notamment, le Conseil fédéral a aussi signalé qu’il proposerait d’autoriser les employeurs à vérifier si leurs collaborateurs ont un certificat Covid. Une possibilité légitime pour autant qu’elle permette «de définir des mesures de protection adaptées ou de mettre en œuvre un plan de dépistage». Les cantons et les partenaires sociaux ont jusqu’au 30 août pour se prononcer sur le projet d’ordonnance. Samia Hurst, bioéthicienne, professeure à l’Université de Genève et vice-présidente de la task force scientifique, évalue l’opportunité de ce changement.

C’est un tournant par rapport à l’approche adoptée jusqu’ici…

Samia Hurst: Oui, nous pouvons parler de tournant. La Commission nationale d’éthique avait en effet jugé l’hiver dernier que, dans le monde du travail, on ne pourrait pas demander une preuve de vaccination, sauf s’il n’y avait pas d’autre moyen pour protéger des clients en tant que fournisseur. C’était avant les certificats dits «3G» («geimpft, getestet, genesen», soit vacciné, testé ou guéri). Lequel élargit les circonstances dans lesquelles il est proportionné de l’utiliser car il ne fait pas de différence sur la base du statut immunitaire, mais du risque de contagion. Le troisième G fait une différence en termes éthiques et légaux.

Quelles balises doivent être posées éthiquement?

Il est fondamental que soient incluses des mesures pour permettre la participation professionnelle et la protection de la santé de tous. La mise en place de cette possibilité ne peut pas entraver des besoins essentiels ou des droits fondamentaux.

Cette extension est-elle bien utile, les concepts précédents de protection n’ont-ils pas fait leurs preuves?

Les concepts précédents de protection ont une certaine efficacité, mais il n’y a pas de moyen totalement efficace. C’est important de le comprendre dans la situation que nous vivons. Les mesures mises en place diminuent le risque dans des contextes donnés. Cela veut dire que des plans de protection peuvent devenir insuffisants lorsque la situation change. Un peu comme une digue qui n’est plus suffisante lorsque le niveau de l’eau monte.