La Liberté

Un continent attend «son» pape

Amérique du Sud • François entame un périple de huit jours en Equateur, en Bolivie et au Paraguay. Des pays qui rivalisent d’efforts pour se présenter sous leur meilleur jour.

Hugo Olazar

Publié le 06.07.2015

Temps de lecture estimé : 3 minutes

Prisonnier gracié, diable caché, réduction d’impôt en échange d’un coup de peinture, grands travaux engagés sur l’itinéraire papal: l’Amérique du Sud se mobilise avant l’arrivée de François. «Le pape n’est pas encore arrivé et les miracles commencent déjà», ironise un commerçant. L’homme se dit frappé par les moyens mis en œuvre à la hâte pour rénover Asuncion, la capitale du Paraguay, où François conclura son deuxième voyage sud-américain le 12 juillet.

Le pape a quitté Rome hier pour un périple de huit jours en Equateur, en Bolivie et au Paraguay. Trois Etats qui comptent parmi les plus pauvres de la région, mais où les populations sont très majoritairement catholiques, entre 82 et 93% des habitants s’y revendiquant de cette confession. Lors de son voyage, le souverain pontife devrait à nouveau porter son message en faveur de la défense des défavorisés et appeler à la protection de l’environnement.

Routes refaites

Dans les trois pays, on ne rechigne devant aucun sacrifice pour offrir un visage plus séduisant, dissimuler la pauvreté ou certains rites païens.

En Bolivie, sur une route qu’empruntera le convoi papal entre l’aéroport et La Paz, un petit autel situé dans le dénommé «virage du Diable» va être dissimulé par la municipalité, de peur que sa vision n’incommode les prélats. Là, les habitants de la région viennent habituellement demander à «tonton Lucifer» de les aider à se venger de leurs ennemis. Toujours en Bolivie, la mairie de la capitale La Paz a promis une baisse de l’impôt foncier pouvant aller jusqu’à 80% à ceux qui repeindront la façade de leur maison pour l’occasion.

Dans les rues d’Asuncion, les engins de terrassement et de voirie refont des rues défoncées depuis des lustres. «Cela fait 15 ans que j’attendais qu’ils refassent l’avenue», plaisante Javier Flores, patron d’une boutique de matériel électronique. La principale rue du quartier de Banados, pavée, est comme neuve. Le pape doit y passer avant de dire une messe devant 20 000 fidèles.

Depuis plusieurs semaines, 15 sœurs carmélites se sont attelées à la préparation de 500 000 hosties, qui seront distribuées lors des messes que le pape François célébrera le dernier jour de sa visite. Elles ont par ailleurs confectionné des nappes pour l’autel et 50 mitres pour les évêques. Normalement cloîtrées dans leur couvent, les religieuses participeront à la fête.

A Santa Cruz, capitale économique de la Bolivie, les autorités ont interdit la vente d’alcool pendant trois jours pour que la fête ne soit pas gâchée.

A la prison de Palmasola, la plus dangereuse de Bolivie, les autorités ont transféré quelques-uns des 5000 détenus de cet établissement surpeuplé. Les autres préparent des lettres à remettre au souverain pontife qui leur rendra visite. «L’attente est énorme. Dans tout le pays, nous espérons que notre situation va s’améliorer», confie Leonidas Rodríguez, un détenu de Palmasola.

En Equateur, le président Rafael Correa a gracié un trafiquant de drogue, Roberto Quintero, condamné à quatre ans de prison. «C’est sûr, le pape est argentin, Dieu est probablement brésilien, mais le paradis, c’est en Equateur. Et tu n’as pas besoin de mourir, puisque tu es déjà au paradis», a plaisanté Rafael Correa.

Neuvième voyage

Dans les trois pays, des jours fériés et des aménagements d’horaires ont été décrétés à l’occasion de la visite de François, la deuxième en Amérique latine après celle au Brésil lors des JMJ en 2013. Son neuvième voyage en deux ans.

Le pape aime partager coutumes et gastronomie locale et se verra proposer en Bolivie un gâteau fait à base de coca et un vori vori, la soupe paraguayenne qu’il a souvent mangée à Buenos Aires. Dans les quartiers défavorisés de la capitale argentine, Jorge Bergoglio a tissé des relations avec les émigrés paraguayens, partageant avec eux le culte de la vierge de Caacupé, sainte patronne du Paraguay. «Les accès au quartier ont été améliorés, les voisins qui étaient fâchés se parlent à nouveau. C’est tout un miracle», assure Ñeca Aguero, un habitant d’Asuncion.

Et à Buenos Aires, ville d’origine du pape qui ne figure pas au programme pour cause d’élection présidentielle, les préparatifs vont bon train, pour se rendre… à Asuncion, à 1500 km de la capitale argentine. ATS/AFP

Articles les plus lus
Dans la même rubrique
La Liberté - Bd de Pérolles 42 / 1700 Fribourg
Tél: +41 26 426 44 11