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Société

«J’ai une vie un peu kitsch»

Professeure à Fribourg, Sabine Haupt lutte depuis deux ans pour évacuer des écrivains d’Afghanistan

Grâce à la ténacité de Sabine Haupt, 56 Afghans ont pu échapper à la répression des talibans. © Photo: STEMUTZ.COM

Angélique Eggenschwiler

Angélique Eggenschwiler

20 août 2023 à 14:20

Temps de lecture : 1 min

Portrait » Tout a commencé par un e-mail. Activiste des droits humains, le journaliste Atiq Arvand sollicite, parmi d’autres associations d’écrivains, le centre PEN suisse alémanique pour les aider, sa compagne et lui, à quitter l’Afghanistan. Nous sommes le 7 juin 2021, deux mois avant la chute de Kaboul. Quelques semaines plus tard, le couple se rend à l’ambassade suisse d’Islamabad armé d’une invitation officielle de l’Université de Fribourg. A la manœuvre, Sabine Haupt, alors membre du comité du PEN, qui l’invite à un congrès académique. Une idée ingénieuse soldée par un premier refus du Secrétariat d’Etat aux migrations (SEM) qui pliera finalement après des dizaines de coups de fil et autant de nuits blanches. Et ce n’est que le début.

Le début d’un combat de longue haleine pour tenter d’évacuer une centaine d’intellectuels afghans menacés par le retour au pouvoir des talibans. Un tiers obtiendra un visa humanitaire. «J’ai d’abord vécu ça comme un échec», se souvient la professeure de littérature qui se familiarisait alors avec la bureaucratie suisse et ses rigidités administratives, «ce n’est qu’ensuite que j’ai compris combien c’était un succès».

De Giessen à Genève

Succès qui n’est pas au goût de tous, d’aucuns lui reprochent ses ingérences dans la politique d’asile nationale malgré ses origines germaniques. «Intellectuellement je prends ça par le haut, même si ça me renvoie à mon statut de déracinée.» Le déracinement, un thème cher à cette enfant de Giessen, en Allemagne, traînée d’écoles en belles-mères après le décès précoce de sa maman. «J’ai quitté la maison à 16 ans, j’étais assez rebelle mais j’avais des facilités scolaires, c’est ce qui m’a sauvée…» sourit l’expatriée en évoquant l’étudiante «un peu hippie», très vite rattrapée par la sonnante et trébuchante réalité capitaliste après deux mois dans un kibboutz israélien.

Et puis elle tombe amoureuse. Un Genevois, cabossé par quelques démêlés avec la justice. «C’était mon premier grand projet humanitaire, je voulais sauver ce monsieur», s’amuse celle qui s’installe à Munich avec son grand projet et finit à Genève, «hautement enceinte» à trois mois de la rentrée universitaire: «Dit comme ça, c’est très rocambolesque. Parfois, je me dis que j’ai une vie un peu kitsch.»

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