
En Suisse, l’inclusion reste un mot creux quand il s’agit de handicap et d’entrepreneuriat. Aucune structure n’encourage vraiment les bénéficiaires de l’assurance-invalidité (AI) à créer leur activité. On nous renvoie vers des ateliers dits «protégés», où le travail est payé quelques centimes de l’heure: à peine 96 francs par mois à 100%. Même dans des programmes d’intégration, le «salaire social» plafonne à 6 francs de l’heure, soit environ 1000 francs par mois. Sur ce montant, les cotisations sociales tournent autour de 60 francs: dérisoires sur le plan économique, mais lourdes symboliquement.
On prétend intégrer alors qu’on entretient à mon avis la dépendance. Le service InsertH de Pro Infirmis, censé favoriser l’insertion professionnelle, semble lui aussi prisonnier d’une logique de conformité: on parle d’assurances et de barèmes, rarement d’idées ou d’initiatives. Il serait temps que notre pays se demande ce qu’il veut vraiment: des personnes handicapées «occupées» ou des citoyens capables d’inventer leur place?