La Liberté

Les Red Hot, c’est faux mais c’est beau

Les Californiens à Nyon, un événement. Une heure avant, la foule prenait déjà place, agrippée au dévers herbeux pour n’en rien rater. Mardi, Paléo avait même, pour la seule et unique fois de la semaine, fait vœu de silence. Toute l’Asse s’est tue, puis ils sont arrivés.

Le bassiste Flea a fait trembler la plaine de l'Asse. © Lionel Flusin
Le bassiste Flea a fait trembler la plaine de l'Asse. © Lionel Flusin


Thierry Raboud

Publié le 19.07.2017

Temps de lecture estimé : 2 minutes

Il y avait quelque chose de touchant à applaudir ici l’un des plus grands groupes de notre époque. Précédés par leur réputation, ils s’en sont montrés à la hauteur, offrant une heure trente de show puissant, déployé sur toute la variété de leur ample répertoire.

Et dès les premières notes du riff nerveux de Can’t stop, tout le monde avait compris que ce concert serait un grand moment. La basse slapée de Flea, impeccablement sonorisée, faisait trembler la plaine, et offrait de solides fondations à la voix puissante bien qu'hésitante d’Anthony Kiedis.

Car il faut l’écrire ici encore, ce leader chante faux. On savait qu’il n’était pas doté de la plus inoubliable voix que le rock ait connue. On ne pensait pas qu’il pouvait pareillement dissoner... Son Dark necessities devenait ainsi péniblement dispensable. Heureusement pour lui, et pour ses spectateurs magnétisés, le moustachu musculeux est un showman. A torse poil dès les douze coups de minuit, il sut se transformer en rappeur énergique à qui les anciens titres du groupe ont convenu à merveille. Les explicites Suck my kiss ou Give it away tirés de Blood Sugar Sex Magik (1991), où son flow se déverse comme un torrent de rocaille sur un lac gelé, furent d’une rare intensité.

On lui pardonne bien des choses, donc. On en veut un peu plus au guitariste Josh Klinghoffer, du genre à sauter partout plutôt qu’à honorer sa six-cordes. Nous n’irons pas jusqu’à écrire ici qu’il joue comme un pied, simplement que ses pieds font partie intégrante de son jeu de guitare. Le solo boiteux de Scar Tissue ou celui massacré à la Wah de l’emblématique Californication, n'ont pu que faire regretter le très fin John Frusciante, à qui l’on doit quelques unes des plus belles mélodies du groupe.

Passons sur ces castafiorismes. Car les Red Hot ne se sont pas économisés, occupant cette scène criblée d’écrans de leur sautillante énergie, emmenés dans ces bondissements distordus par le clown dégingandé Flea. Lorsqu’il s’est assis sur le bord de scène, ce n’était que pour mieux rebondir. Lui et Josh Klinghoffer n’ont cessé, en duo, de manigancer d'improbables introductions aux plus grands tubes du groupe, dont un inoubliable By The Way. Assez brouillon pour paraître spontané, assez rodé pour donner l’impression d’être généreux.

Ils avaient commencé en avance, ils sont repartis en avance, après un concert mémorable, bien assez beau pour ne pas être que faux.

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