La Liberté

Fierté et larmes pour la famille Gremaud

Réunie avec ses amis à La Roche, la famille de Mathilde Gremaud a peu dormi, beaucoup pleuré, mais surtout vibré. Retour sur une nuit blanche «qui valait la peine».

De gauche à droite: Chantal, Elsa, Stéphane et Jeanne Gremaud. © DR
De gauche à droite: Chantal, Elsa, Stéphane et Jeanne Gremaud. © DR

Pierre Schouwey

Publié le 19.02.2018

Samedi, La Roche, 15 h 30. Noyé sous une pluie battante, le village gruérien est désert. Une affiche géante sur laquelle trône la bouille de Mathilde Gremaud rappelle pourtant que neuf heures plus tôt, ils étaient encore 120 réunis à la Maison de Ville à célébrer la médaille d’argent de l’enfant prodige. Pour ceux qui souhaitent prolonger la fête, il faut monter à la buvette du Brand, là où les remontées mécaniques de La Berra offrent un verre de vin chaud en l’honneur de la championne. «Les gens sont allés se coucher, la nuit a été longue», rigole au pied des pistes Bertrand Gaillard, vice-syndic de la commune.

Dormir, enfin, c’est ce que s’apprêtent à faire Chantal et Stéphane Gremaud, les parents de la vice-championne olympique ainsi que Jeanne et Elsa, ses deux sœurs. «Mais passez donc boire un café», nous écrit le papa. La sieste attendra. Retour à La Roche donc, où la petite famille nous accueille avec un grand sourire, les traits tirés, mélange de fatigue et d’émotions. «Nous sommes encore un peu sur notre petit nuage. La nuit a été magique, il y a beaucoup de fierté. Vivre ces moments avec nos amis et la famille proche, c’était quelque chose de très spécial. Le Ski-Club (de La Berra, ndlr) a organisé un petit quelque chose «à la bonne franquette», c’était parfait. Le boulanger du village a offert de la tresse, nous avons bu quelques bières, raisonnablement je précise. Lorsque nous avons su la médaille assurée, l’explosion de joie a été énorme. Les gens ont commencé à chanter. Beaucoup de larmes de joie ont coulé», raconte Stéphane, qui croule sous les messages de félicitation. «Je n’imagine pas le téléphone de Mathilde!»

«Les Jeux olympiques, ce n'est pas n'importe quoi!»

Jusqu’à trois jours avant la compétition de slopestyle, la famille Gremaud hésitait à rallier la Corée du Sud histoire de «faire la surprise à Mathilde». «Quand nous avons appris qu’elle était tombée aux entraînements et partie à l’hôpital, nous avons regretté de ne pas pouvoir être à ses côtés. Mais avec du recul, c’était bien de partager ce moment avec autant de monde. On parle là des Jeux olympiques, ce n’est pas n’importe quoi», poursuit Chantal, particulièrement anxieuse samedi à chaque fois que sa fille s’est propulsée dans les airs, la tête en bas, sur les bosses du Phoenix Park. «Mais la plus stressée, c’était Elsa», sourit Jeanne, de deux ans l’aînée de Mathilde. De la course à pied, discipline dans laquelle les deux filles se tiraient la bourre plus jeune, aux chemins bosselés de la Berra, les souvenirs sont nombreux.

Avant d’aller se coucher, le quatuor s’octroie un dernier bain d’émotions en regardant une interview de Mathilde, dans laquelle elle apprend que Roger Federer l’a félicitée via les réseaux sociaux. «Je lui ai écrit de bien le saluer de ma part», rigole le papa.

Souvent réunie ces derniers mois grâce ou à cause (c’est selon) de la convalescence de ­Mathilde, la famille Gremaud affichera à nouveau complet mercredi, date du retour en Suisse de la freestyleuse. Il ne restera plus qu’à trouver un endroit dans le domicile familial où suspendre la médaille. «Je la verrais bien dans ma chambre», pouffe Elsa, la sœur cadette, avec une touche d’humour pleine d’insouciance. Tiens, ça nous rappelle quelqu’un! ·

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