La Loterie romande est fière d'annoncer ses bénéfices par millions, mais va imprimer ses billets aux Etats-Unis. Comment est-ce acceptable de la part d'une institution publique, financée par tous les Romands, a demandé mardi l'élu UDC Michel Miéville auteur d'une interpellation «Loterie romande: se gratte-t-elle des emplois en Suisse?».

En juin, dernier, «La Liberté» révélait que la Loterie romande allait délocaliser l'impression des billets «pour des impératifs de sécurité, d'intégrité et de qualité», selon son directeur général Jean-Luc Moner-Banet. L'entreprise Game Print indiquait alors qu'elle envisageait du coup la cessation de ses activités pour la fin de l'année, avec 18 emplois touchés.

Le Conseil d'Etat reprend l'argumentaire de la Loterie romande

Dans sa réponse au député d'Ecublens, le gouvernement vaudois reprend l'argumentaire de la Loterie romande. Il met en exergue les problèmes de standards de qualité et de sécurité d'impression, impossibles à réaliser par le partenaire historique, la société fribourgeoise Game Print qui fabrique depuis 1986 la plupart des billets de la Loterie romande.

Le Conseil d'Etat indique: «Au fil des ans, les exigences de qualité et de sécurité dans le processus de production et d’impression des billets de jeu se sont avérées de plus en plus complexes. La Loterie Romande a été progressivement confrontée à un certain nombre de défectuosités des billets imprimés par sa société partenaire, basée dans le canton de Fribourg. De l'avis même de la Loterie Romande, celles-ci étaient de nature à précariser l’intégrité des jeux proposés, et ont justifié parfois la réimpression complète des billets concernés. Après avoir tenté à réitérées reprises d’inviter la société mandataire à prendre les mesures adéquates pour éviter cet écueil, la Loterie Romande a dû tirer la conclusion que son partenaire n’était plus à même de proposer les standards actuels de qualité et de sécurité dans le processus d’impression des billets de jeu».

Game Print «ne parvenait plus à assurer les standards d’impression»

Et de préciser pour la défense de la Loterie romande : «Il sied de préciser que le milieu de la fabrication des jeux à gratter connaît une tendance à se concentrer sur des fournisseurs spécialisés, à même de garantir les standards technologiques et sécuritaires qui caractérisent ce marché international. En confiant cette tâche complexe à un acteur local, la Loterie romande faisait en réalité figure d’exception».

Pour le Conseil d’Etat vaudois de relever encore que: «si la Loterie romande a décidé de confier à un partenaire étranger l’impression de ses billets de jeu, ce n’est pas parce que les services de cette dernière sont financièrement compétitifs, mais simplement parce que cet acteur peut offrir les standards de qualité et de sécurité qu’aucun fournisseur local n’est à même de proposer. La Loterie romande a considéré que l’intégrité des jeux qu’elle propose était d’une importance prépondérante, et devait l’emporter sur le renouvellement de son partenariat avec une entreprise d’impression fribourgeoise qui ne parvenait plus à assurer les standards d’impression actuels.»

Michel Miéville dénonçait également dans son interpellation l'achat de gadgets sur les marchés externes par la Loterie romande. Là aussi, le Conseil d'Etat rétorque que ce n'est pas une politique de l'institution qui privilégie dans ses appels d'offres «la proximité» avec le territoire des six cantons romands.