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Angela Merkel et Emmanuel Macron assument leurs "confrontations"

Emmanuel Macron assume la "confrontation féconde" avec Angela Merkel, avec l'objectif de "bâtir un compromis" (archives). © KEYSTONE/AP/FRANCOIS MORI
Emmanuel Macron assume la "confrontation féconde" avec Angela Merkel, avec l'objectif de "bâtir un compromis" (archives). © KEYSTONE/AP/FRANCOIS MORI


Publié le 15.05.2019


Angela Merkel et Emmanuel Macron ont dit mercredi assumer leurs divergences et leurs "confrontations", à une dizaine de jours des élections européennes. Mais ces différences permettent selon eux de faire avancer l'Europe.

"Bien sûr, nous avons des confrontations", a admis la chancelière conservatrice allemande, qui quittera le pouvoir au plus tard en 2021. "Il y a des différences de mentalité" avec le président français et des "différences dans (leur) compréhension des rôles".

Dans une interview publiée par plusieurs quotidiens européens, dont Le Monde et la Süddeutsche Zeitung, elle a toutefois nié toute détérioration des relations avec le président français, le quatrième avec lequel elle doit travailler depuis son arrivée à la chancellerie en 2005.

De son côté, M. Macron assume la "confrontation féconde" avec sa partenaire allemande. "Nous devons accepter des désaccords momentanés, de ne pas totalement être d'accord sur tout, pour construire un compromis avec l'Allemagne pour pouvoir avancer", a-t-il fait valoir devant la presse à Paris.

Nombreux désaccords

Les divergences se sont multipliées ces derniers mois, du gel de ventes d'armes à l'Arabie Saoudite décidé par l'Allemagne après l'assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi au devenir de l'Union européenne, en passant par le Brexit et les reports accordés au Royaume-Uni.

Le président français avait concédé fin avril avoir des désaccords avec l'Allemagne sur un certain nombre de sujets et revendiqué la nécessité d'affirmer aussi "des positions françaises".

Mais Angela Merkel souligne dans son interview les "énormes progrès" réalisés grâce au couple franco-allemand, notamment en matière de défense. "Nous avons décidé de développer un avion de combat et un char ensemble. (...) C'est un signe de confiance que de compter davantage les uns sur les autres en matière de politique de défense", dit-elle.

Les deux dirigeants ont aussi signé en janvier le traité d'Aix-la-Chapelle sur la coopération et l'intégration franco-allemandes, 53 ans après le traité de l'Elysée conclu par Charles de Gaulle et Konrad Adenauer.

"Temporalités différentes"

Les relations se sont-elles détériorées ces derniers mois? "Non, pas du tout", assure Mme Merkel. Mais, admet-elle, les deux dirigeants ont eu des "temporalités différentes".

La chancelière souligne ainsi que lors du discours sur la Sorbonne de M. Macron, consacré en septembre 2017 à la relance de l'Europe, elle venait tout juste de passer le cap des élections au Bundestag et négociait une nouvelle coalition.

Des reproches lui avaient été adressés, y compris dans son propre camp conservateur, de ne pas avoir saisi les propositions de M. Macron.

Mme Merkel met aussi l'accent sur les différences politiques entre les deux pays: "Je suis la chancelière d'un gouvernement de coalition et je suis beaucoup plus dépendante du Parlement que le président français, qui n'a pas du tout le droit d'entrer à l'Assemblée nationale", au nom de la séparation des pouvoirs.

Des "angles différents"

Mme Merkel ne partage pas non plus l'analyse de M. Macron selon laquelle "jamais l'Europe n'a été en aussi grand danger". "Il m'est difficile de comparer la situation actuelle de l'Europe avec les dangers des décennies précédentes, parce que je n'étais pas là à l'époque et que je suis désormais impliquée de manière active", objecte Angela Merkel.

M. Macron lui aussi est "impliqué", mais "il ne l'est pas depuis si longtemps", observe-t-elle. "D'une certaine façon, il apporte encore un peu de perspective de l'extérieur. C'est bien de voir notre Europe sous des angles différents", selon elle.

Nathalie Loiseau, tête de liste du parti La République en marche (LREM) aux européennes, a décrit de son côté "un rythme qui est celui de l'Allemagne (...) qui est celui d'une chancelière qui a déjà annoncé que c'était son dernier mandat". "C'est un rythme plus lent, qui n'est peut-être pas suffisant pour répondre aux défis d'aujourd'hui", a ajouté l'ex-ministre sur BFM-TV.

ats, afp

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