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Interdire aux requérants de travailler est contre-productif (étude)

Autoriser les requérants d'asile à travailler le plus rapidement possible - comme ici à l'entretien des chemins dans le canton de Schwytz - économise des coûts sociaux et génère des rentrées d'impôts supplémentaires, selon cette étude (archives). © KEYSTONE/GAETAN BALLY
Autoriser les requérants d'asile à travailler le plus rapidement possible - comme ici à l'entretien des chemins dans le canton de Schwytz - économise des coûts sociaux et génère des rentrées d'impôts supplémentaires, selon cette étude (archives). © KEYSTONE/GAETAN BALLY


Publié le 19.09.2018


Exclure les requérants d'asile du marché du travail est contre-productif pour leur intégration à long terme et génère des coûts sociaux plus élevés. C'est ce qu'indique une étude de l'EPFZ et de l'Université de Stanford (USA) portant sur l'Allemagne.

Dans de nombreux pays européens, les requérants d'asile n'ont pas le droit de travailler tout de suite. Des chercheurs de l'Immigration Policy Lab de l'Ecole polytechnique fédérale de Zurich (EPFZ) et de l'Université de Stanford se sont penchés sur le cas allemand.

Dans ce pays, le délai d'attente a été réduit à douze mois à partir de l'an 2000. Les chercheurs ont donc comparé deux groupes homogènes de requérants venus d'Ex-Yougoslavie: ceux arrivés en 1999 ont dû attendre en moyenne sept mois de plus que ceux arrivés en 2000 avant de pouvoir travailler.

Résultat: cinq ans après l'échéance du délai d'attente, le taux d'occupation du groupe arrivé en 2000 était de 49%, contre 29% pour le groupe de 1999. Il a fallu attendre jusqu'en 2010 pour que le second comble son retard, selon ces travaux publiés dans la revue Science Advances.

Les auteurs ont calculé que si les 40'500 personnes venues d'Ex-Yougoslavie en Allemagne en 1999 avaient pu bénéficier du délai raccourci et atteint un taux d'emploi similaire au groupe de l'an 2000, l'Etat allemand aurait économisé 40 millions d'euros par année en charges sociales et pertes d'impôts.

Effet démotivant

Selon les chercheurs, les délais d'attente ont un effet démotivant, qui n'a pas entièrement disparu malgré l'adaptation faite en 2000. "Les interdictions de travailler sont à courte vue", explique le post-doctorant Moritz Marbach, co-auteur de l'étude, cité dans un communiqué de l'EPFZ.

"Au lieu de rendre les requérants dépendants de l'Etat social pendant des années, des pays comme l'Allemagne devraient utiliser leur motivation de départ pour les intégrer rapidement sur le marché du travail", estime le spécialiste.

De précédentes études ont montré que sur le marché du travail, les requérants d'asile n'exercent pas de pression sur les travailleurs indigènes ou sur les salaires, écrit l'Université de Stanford dans un communiqué.

De nombreux politiciens tiennent toutefois au délai d'attente afin de rassurer leurs électeurs. Cela peut toutefois se retourner contre eux lorsque les réfugiés sont perçus comme une charge pour l'Etat social, ajoute l'université.

En Suisse, les requérants peuvent bénéficier d'une autorisation de travail au bout de trois mois. Elle est limitée à la durée de la procédure d'asile et, en cas de décision négative, s'éteint à l'expiration du délai fixé au requérant pour quitter le pays.

ats

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