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L'opposant vaincu se rebiffe en RDC, le pays reste sous tension

L'annonce de la commission électorale a entraîné un cycle de contestation et de répression (archives). © KEYSTONE/EPA/HUGH KINSELLA CUNNINGHAM
L'annonce de la commission électorale a entraîné un cycle de contestation et de répression (archives). © KEYSTONE/EPA/HUGH KINSELLA CUNNINGHAM


Publié le 11.01.2019


Le bras de fer s'est durci vendredi en RDC après l'annonce contestée de l'élection à la présidentielle de l'opposant Félix Tshisekedi. Martin Fayulu, autre candidat de l'opposition donné perdant, a revendiqué la victoire et compte contre-attaquer devant la justice.

Un membre de l'équipe de campagne de M. Fayulu a revendiqué vendredi la victoire avec 61% des suffrages lors de la présidentielle à un tour du 30 décembre, qui doit désigner le successeur du président Joseph Kabila lors de la première transition démocratique depuis l'indépendance du pays en 1960.

"Nous irons demain samedi à la Cour constitutionnelle" pour exiger "le recomptage des voix", a annoncé le candidat malheureux lors d'un meeting à Kinshasa.

Jeudi, la Commission électorale (Céni) a proclamé la victoire de l'autre opposant Félix Tshisekedi avec 38,57%, devant M. Fayulu (34,8%) et le candidat du pouvoir Emmanuel Ramazani Shadary (23,8%).

Si la Cour constitutionnelle confirme ces résultats, c'est donc Félix Tshisekedi, 55 ans, fils de l'opposant historique Etienne Tshisekedi, qui doit succéder à Joseph Kabila, 47 ans, au pouvoir depuis l'assassinat de son père en 2001, élu en 2006 et réélu en 2011 lors d'un scrutin entaché de fraudes massives.

"M. Tshisekedi et le président discutent depuis 2015! Il (Tshisekedi, ndlr) est totalement complice de ce putsch électoral. M. Kabila n'a aucune intention de céder le pouvoir", a accusé M. Fayulu dans un entretien avec le journal français Le Parisien. Selon la Constitution, M. Kabila ne peut prétendre à plus de deux mandats d'affilée. Mais il a déjà envisagé de se présenter pour le prochain cycle électoral prévu en 2023.

ONU à la rescousse

Le bras de fer autour s'est également joué ce vendredi aux Nations unies. La puissante Eglise catholique, qui affirme avoir déployé 40'000 observateurs le jour du vote, a demandé à l'ONU la publication des procès-verbaux" du scrutin "pour enlever les doutes".

"Les résultats tels que publiés ne correspondent pas aux données collectées par la mission d'observation" de la Conférence des Evêques, a répété l'un de ses représentants lors d'une liaison vidéo avec le Conseil de sécurité.

Quant à la Commission électorale, elle a de son côté exhorté le Conseil à soutenir les nouvelles autorités élues.

Neuf civils morts

L'annonce de la commission électorale a entraîné un cycle de contestation/répression qui a fait au moins neuf morts selon la police. Un couvre-feu a été décrété vendredi soir dans un fief de M. Fayulu à Kikwit (ouest), où cinq personnes ont été tuées "dans l'opération de rétablissement de l'ordre public", selon la police.

Un mort a été enregistré à Goma (est). Trois miliciens ont été tués par les forces de sécurité à Tshikapa (Kasai), fief de Félix Tshisekedi qui manifestait sa joie. Par ailleurs, un responsable local de la campagne de M. Fayulu a été arrêté à Mbandaka (ouest). La police lui reproche d'avoir appelé ses sympathisants à se rassembler vers le centre local de compilation des résultats pour récupérer les procès verbaux.

La communauté internationale continue d'accueillir avec prudence le résultat provisoire de la présidentielle dans le plus grand pays d'Afrique sub-saharienne aux énormes ressources naturelles mais marqué par de nombreux conflits internes et deux guerres entre 1996 et 2003.

ats, afp

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