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Les grandes banques sont plus stables mais reprennent des risques

La Banque nationale suisse a insisté sur l'importance des mesures de régulation pour les établissements bancaires, enjoignant UBS et Credit Suisse à faire plus d'efforts (archives). © KEYSTONE/GAETAN BALLY
La Banque nationale suisse a insisté sur l'importance des mesures de régulation pour les établissements bancaires, enjoignant UBS et Credit Suisse à faire plus d'efforts (archives). © KEYSTONE/GAETAN BALLY


Publié le 21.06.2018


Les mesures de régulation visant les grandes banques suisses mises en place après la crise financière ont renforcé leur stabilité. Mais après des années d'ajustements, UBS et Credit Suisse commencent à prendre de nouveau plus de risques.

Les établissements dits d'importance systémique ont amélioré leurs fonds propres, réduit leur exposition à des actifs risqués et ajusté leurs modèles d'affaires. Ces améliorations se reflètent notamment dans des résultats opérationnels plus stables, a indiqué jeudi la Banque nationale suisse (BNS) dans son rapport sur la stabilité financière.

Après des années de restructuration de leurs actifs toxiques hérités de la crise financière de 2008, UBS et Credit Suisse ont engagé de nouvelles initiatives de croissance. L'institut d'émission a néanmoins constaté que les deux grandes banques "cherchent de nouveau à faire croître leurs activités et à prendre plus de risques".

Mesures indispensables

La BNS a insisté qu'il était primordial de mettre en place l'ensemble des mesures prévues dans le cadre de la révision de la régulation "too big to fail" (trop grandes pour faire faillite), que ce soit au niveau international avec le Conseil de stabilité financière (FSB) ou en Suisse avec l'Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers (Finma).

L'application de ces mesures est d'autant plus importante que les deux grandes banques représentent chacune une exposition équivalent à 130% du produit intérieur brut (PIB) de la Suisse, a rappelé la BNS.

UBS et Credit Suisse doivent notamment faire plus d'efforts en matière de levier d'endettement et de maintien de leurs activités en cas de crise.

Incertitudes politiques

Les économistes de l'institut d'émission ont également constaté que les conditions économiques et financières pour le secteur bancaire sont demeurées favorables sur les 12 derniers mois. Mais les risques se sont accrus en raison de la forte valorisation de certains actifs et des incertitudes politiques.

La BNS a ainsi constaté "des signes de valorisation exagérée dans l'immobilier, les marchés actions et des crédits dans plusieurs pays". Des changements mineurs peuvent dans ce cas provoquer d'importants mouvements de correction sur les marchés.

Parmi les risques que l'institut d'émission a observé, la prime de risque pour les prêts d'Etats a récemment augmenté, particulièrement en Italie en raison des incertitudes politiques et budgétaires.

La banque centrale helvétique a établi plusieurs scénarios pour le secteur financier. Selon le plus probable, les conditions économiques en Suisse et à l'international continuent de s'améliorer, notamment aux Etats-Unis dans la zone euro et les pays émergents. Dans la Confédération, la croissance demeure supérieure à la moyenne et le marché du travail tourne à plein régime.

L'institut d'émission a cependant considéré plusieurs scénarios négatifs, "improbables mais possibles". Parmi ces hypothèses, les Etats-Unis tomberaient dans une récession "sévère", qui s'étendrait au niveau mondial, accompagnée par une chute des prix de l'immobilier et des actions américaines. La Suisse, l'Europe et le Japon subiraient alors une récession, tandis que les marchés émergents verraient leur croissance ralentir.

ats, awp

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