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Les ouvriers continuent de s'en remettre à sainte Barbe

La statue de Sainte Barbe ne quitte pas les ouvriers pendant qu'ils creusent le tunnel de base du Gothard. © KEYSTONE/MARTIN RUETSCHI
La statue de Sainte Barbe ne quitte pas les ouvriers pendant qu'ils creusent le tunnel de base du Gothard. © KEYSTONE/MARTIN RUETSCHI


Publié le 31.05.2016


Tous les tunnels en chantier sont gardés par sainte Barbe, même celui du Gothard. Les progrès techniques ne semblent pas affaiblir le culte de cette sainte, révérée à l'origine par les catholiques et les orthodoxes.

Les mineurs travaillent sous terre. Loin de chez eux, ils font exploser la montagne. Les conditions de travail sont difficiles et souvent dangereuses. Les petits autels, dressés à l'entrée des tunnels, sont un secours pour ces hommes enterrés pendant des mois.

On trouve près d'une demi-douzaine de statues de sainte Barbe dans le tunnel de base à Erstfeld (UR), Amsteg (UR), Sedrun (GR), Faido (TI) et Bodio (TI), a précisé à l'ats Ambros Zgraggen, porte-parole de l'enterprise Alp Transit Gotthard AG. A la fin des travaux, seules deux d'entre elles devraient rester sur place, à Sedrun et Amsteg.

"Nous croyons en sainte Barbe et nous la remercions de nous éviter des accidents", explique Christian Krauer, responsable des travaux à Sedrun. Les théologiens catholiques se demandent si cette sainte du IIIe siècle a vraiment existé: cette querelle n'intéresse pas cet homme, qui se dit superstitieux.

La profession de mineurs reste l'une des plus ferventes, même au IIIe millénaire. Pour Jürg Lucek, responsable à Amsteg, une statue de sainte Barbe sous terre a la même importance qu'une croix plantée au sommet d'une montagne. Même le responsable du tunnel à Bodio, Jens Classen, un ingénieur environné d'objets high tech, a pris une statue de la sainte avec lui.

Car on ne viole pas la montagne impunément. Au quinzième siècle, on croyait que la nature se vengerait de ces hommes qui osaient creuser des mines et percer des tunnels. Avec des secousses sismiques, des coups de grisou ou des éboulements. Il leur fallait une protection. Ce fut sainte Barbe. Honorée au départ uniquement par les mineurs, elle a étendu sa bénédiction à tous les travaux souterrains et aux artificiers.

La sainte des tunnels

Le jour de la sainte Barbe, le 4 décembre, est chômé. La plupart des ouvriers, quelle que soit leur croyance, sont sensibles à cette tradition.

Avant d'attaquer le percement d'un tunnel, les ouvriers du chantier assistent à une cérémonie toute simple. L'abbé du lieu bénit la statue. Sans cela, la plupart des mineurs n'accepteraient pas de commencer les travaux.

A Amsteg, une marraine prend soin de la statue de la sainte. Marie-Thérèse Gnos nettoie l'autel et remplace les bouquets vieillis par des fleurs fraîches. La marraine est aussi importante pour les mineurs. "Si les ouvriers ont des problèmes, je suis là pour les écouter", explique-t-elle. "Ils me parlent souvent de leur famille ou de leur pays."

Ces mineurs viennent de pays voisins, d'Allemagne, d'Autriche, du Portugal et d'Italie. Ils trouvent un certain réconfort dans ces traditions, vieilles de plus d'un millénaire. Une façon de mettre un peu du lumière là où il fait nuit.

ats

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