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Pacte sur les migrations: manif tendue à Ottawa, Bruxelles divisée

Manifestation tendue à Ottawa en raison du pacte de l'ONU sur les migrations. © KEYSTONE/AP The Canadian Press/JUSTIN TANG
Manifestation tendue à Ottawa en raison du pacte de l'ONU sur les migrations. © KEYSTONE/AP The Canadian Press/JUSTIN TANG
"Je prends (...) acte ce soir que la N-VA quitte la majorité" et "je vais (...) proposer que deux secrétaires d'Etat remplacent les trois ministres N-VA afin de garantir la continuité et le bon fonctionnement de nos institutions", a annoncé le premier ministre belge Charles Michel. © KEYSTONE/EPA/STEPHANIE LECOCQ
"Je prends (...) acte ce soir que la N-VA quitte la majorité" et "je vais (...) proposer que deux secrétaires d'Etat remplacent les trois ministres N-VA afin de garantir la continuité et le bon fonctionnement de nos institutions", a annoncé le premier ministre belge Charles Michel. © KEYSTONE/EPA/STEPHANIE LECOCQ


Publié le 09.12.2018


Le pacte de l'ONU sur les migrations divise. A Ottawa, 200 militants de droite opposés à l'adhésion du Canada ont affronté une centaine de contre-manifestants samedi devant le Parlement. A Bruxelles, la coalition gouvernementale est elle proche de l'implosion.

Des échauffourées ont éclaté au début de la manifestation en milieu de journée dans la capitale canadienne. La police anti-émeute est rapidement intervenue pour séparer les deux camps. Un manifestant a été interpellé.

Par un froid glacial, les deux camps ont échangé des insultes sur la pelouse enneigée du Parlement. La foule scandait "refusez le pacte sur l'immigration", ce à quoi leurs opposants criaient "honte" et "les réfugiés sont les bienvenus, que les racistes rentrent chez eux".

Sylvain Brouillette, porte-parole de la Meute, un mouvement identitaire, a estimé que le pacte de l'ONU menaçait les politiques d'immigration nationales - une opinion partagée par le chef de l'opposition conservatrice Andrew Scheer, mais fermement dénoncée par les partisans du pacte. "Le Canada a été bâti sur l'immigration (...). Nous n'avons pas besoin d'un pacte migratoire pour venir nous dire quoi faire et changer une recette qui fonctionne", a déclaré M.Brouillette.

Arguments malavisés

Aditya Rao, un passant, s'est arrêté pour écouter les arguments, mais a conclu que les manifestants étaient malavisés. "Je n'en reviens pas," a-t-il dit à l'AFP. "Ces personnes râlent devant toute cette migration chaotique, mais se plaignent en même temps d'un effort pour la rendre ordonnée et sûre."

Justin Trudeau entend signer l'accord proposé par l'ONU. "Accueillir les gens venus du monde entier grâce à un système d'immigration rigoureux est ce qui a fait du Canada un pays fort, et c'est quelque chose dont le monde a toujours davantage besoin", a déclaré le Premier ministre canadien.

"Coalition responsable"

En Belgique, la situation était aussi tendue samedi soir. Le Premier ministre belge Charles Michel a ainsi proposé de remplacer les ministres nationalistes flamands de la N-VA au sein du gouvernement après un ultimatum de ce parti. Celui-ci s'oppose à ce que la Belgique approuve le Pacte de l'ONU sur les migrations.

"Je prendrai (...) l'avion demain comme chef de gouvernement d'une coalition responsable (et) je mènerai bien sûr dès mon retour des consultations avec le Parlement", a-t-il fait savoir.

La N-VA est le seul des quatre partis de la coalition gouvernementale à être opposé à ce Pacte. La crise, qui était latente depuis plusieurs semaines, a éclaté mardi soir, quand Charles Michel avait annoncé son intention de se tourner vers le Parlement, faute d'unanimité au sein du gouvernement en faveur du pacte.

Le pacte avait d'abord fait l'objet d'un consensus gouvernemental cet été, avant que la N-VA ne change d'avis fin octobre dans le sillage des critiques exprimées par le chancelier autrichien Sebastian Kurz.

La Suisse n'ira pas

Non contraignant, le texte devrait être formellement adopté les 10 et 11 décembre prochain à Marrakech, au Maroc. Ce "pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières" recense des principes et des droits déjà existants (défense des droits humains, des enfants). Il formule 23 objectifs pour aider les pays à faire face aux migrations, en facilitant l'information, l'intégration des migrants, l'échange d'expertises.

L'Italie, l'Autriche, la Bulgarie, la Hongrie, la Pologne, la République tchèque, la Slovaquie, l'Estonie, la Lettonie, la Suisse, l'Australie, Israël et la République dominicaine ont décidé de ne pas se rendre à Marrakech. Les Etats-Unis s'étaient retirés de l'élaboration du Pacte en décembre dernier.

ats, afp

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