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Michaël Ferrier lauréat du prix Décembre

Michaël Ferrier vit actuellement à Tokyo, où il enseigne la littérature. © Wikipedia
Michaël Ferrier vit actuellement à Tokyo, où il enseigne la littérature. © Wikipedia


Publié le 08.11.2018


Michaël Ferrier s'est vu attribuer jeudi le prix Décembre, le prix littéraire le mieux doté de France. Il a été récompensé pour "François, portrait d'un absent" (Gallimard), bouleversant récit-hommage à un ami mort accidentellement par noyade avec sa fille.

Le récit de Michaël Ferrier, né en 1967 à Strasbourg, était également en lice pour le prix Femina remporté lundi par Philippe Lançon. Le prix Décembre, fondé par Pierre Bergé, est doté de 20'000 euros offert par la Fondation Pierre Bergé/Yves Saint Laurent, ce qui en fait le prix littéraire le mieux doté de France.

Tout commence par un coup de fil dans la nuit. A Tokyo où il réside, Michaël Ferrier est réveillé par un ami qui lui annonce la mort, au large des Canaries, de François Christophe et de sa fille Bahia.

Longue amitié

Livre de deuil, "François, portrait d'un absent" est aussi le récit sensible d'une amitié entre deux hommes commencée dans les couloirs du lycée Lakanal, à Sceaux. Il y a le rappel de leurs 400 coups, les voyages au Japon et en Afrique, leurs discussions sans fin sur le cinéma et la littérature, les soirées de beuverie.

L'amitié se raconte à travers de multiples souvenirs. Le livre de Michaël Ferrier, tout en délicatesse, fourmille d'anecdotes. Comment naît une amitié ? "Deux solitudes tout d'un coup s'aperçoivent, s'interpellent, s'écoutent, se répondent", explique Michaël Ferrier.

Le titre du livre est emprunté à un documentaire réalisé par François Christophe, "Thierry, portrait d'un absent", qui racontait l'histoire d'une jeune SDF, morte trop tôt.

Episode douloureux

Vers la fin de l'ouvrage, un chapitre intitulé "Querelle" relate un épisode douloureux de la belle amitié entre les deux hommes. Michaël Ferrier revient sur un projet commun de "travailler ensemble" sur un long métrage. "Cette collaboration se présentait de plus en plus comme une évidence. Elle était pleine de promesses", écrit Michaël Ferrier.

"Mais, ajoute-t-il, la vie est étrange, elle ne se laisse jamais mener". Le projet capote. "Cette coopération fut un désastre complet et la seule entaille, profonde et durable, à notre amitié". Les deux amis ne se parlent plus, s'évitent.

Deux ans après l'incident, François écrira cependant à Michaël pour lui dire que leur brouille lui pèse. Cette lettre "me remplit d'un bonheur immense", se souvient l'écrivain qui constate: "c'est ce qui rend l'amitié si remarquable: on croit en avoir fait le tour et soudain, au saut d'une phrase, au détour d'un mot, elle revient, elle surgit, elle reprend".

Devenu cinéaste et auteur de fictions pour France Culture, François Christophe est mort le lendemain de Noël 2013 avec sa fille âgée de onze ans emportée par une "vague énorme et folle, scélérate" sur une plage de l'île de La Graciosa aux Canaries. Les années ont passé. "Le souvenir de François ne s'amoindrit pas en moi", écrit Michaël Ferrier.

L'an dernier, le prix Décembre (exceptionnellement non doté) avait été décerné à Grégoire Bouillier pour "Le dossier M" (Flammarion).

ats, afp

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