Blue Note, un sillon de liberté
Fondé il y a 80 ans, le label a forgé sa légende en épousant les soubresauts de la modernité jazz
Thierry Raboud
Temps de lecture estimé : 12 minutes
Musique » Ils venaient d’ailleurs, ils ont changé le jazz. En 1939, deux juifs allemands émigrés aux Etats-Unis fondent à New York l’un des premiers labels indépendants consacrés à la note bleue: Blue Note Records. Alfred Lion avait le flair, son ami d’enfance Frank Wolff avait l’œil. En enregistrant sur bandes et pellicules les plus fiers aventuriers de la modernité, ils graveront la mémoire des musiques improvisées.
C’est une histoire très américaine, d’exil et de détermination, qui naît de rien pour cheminer vers la gloire et se parer de légende. Huitante ans après, elle fascine toujours. Comment ces deux jeunes Blancs arrivés de Berlin, parlant un anglais si germanique que leur ligne artistique se réduisait à un «it must schwing», précocement mordus de jazz hot mais fort p