Le dimanche en fin de matinée, les rives de la Petite Glâne s’apparentent souvent à Central Park, le cœur boisé de Manhattan. Non par sa physionomie, bien sûr, mais parce que s’y croisent à cette heure-ci de la semaine chiens en promenade et joggeurs. Sur les petits chemins herbeux ou bétonnés, le respect des mollets des uns passe par la tenue rigoureuse en laisse des autres. Ça défile au pas ou au trot, hop, hop, hop! Approchant un petit pont enjambant le cours d’eau, un coureur se fait héler par une dame à toutou. «Je tente d’éduquer mon chien, je le dresse à ne pas tracer après les coureurs; pourriez-vous s’il vous plaît passer et repasser quelques fois devant nous au pas de course, afin de parfaire l’éducation de Mirza?» L’athlète du dimanche rompt son effort, rigole un bon coup et le voilà qui fait quatre ou cinq allers-retours devant la maîtresse à l’index levé vers le cabot. Il ne manque que la fameuse musique de Benny Hill pour sonoriser l’irrésistible tableau.