Plage de vie: Nostalgie du ravioli
Thierry Raboud
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Ma fille, on irait griller un cervelas dans la forêt, apprendre à manier un couteau et à craquer une allumette, échafauder des cabanes puis revenir des échardes dans les paumes, de la fumée dans les yeux, des oiseaux dans les cheveux. Bref, l’aventure. Mais dans les rayons de la station-service, car on était dimanche et ma prévoyance n’était pas allée jusque-là, j’ai vu la boîte. Celle que grand-maman réchauffait quand elle nous gardait. Celle avec serrés dedans ces amas de pâte fourrée de chose grise, baignés d’un jus sucré évoquant un peu la tomate. Celle des raviolis aux œufs que plus tard, aux soirs adolescents, on poserait sur la braise et dont le brûlon froid aurait le goût de l’indépendance. Tu m’en diras des nouvelles, ma fille. La cuisson était parfaite, pourtant. Elle en a mangé un. «Bof, pas aussi bon que ceux de maman.» J’en ai mangé deux. Le reste, aux renards. L’enfance est une boîte de raviolis qu’il faut parfois laisser fermée.
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