Gregor Sailer, Le faux du vrai
L’Autrichien expose ses clichés de villages postiches, tantôt destinés à l’armée, aux invités de Poutine ou à la classe moyenne chinoise
Samuel Schellenberg
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Genève » On pense d’abord aux maisons de carton-pâte des plateaux de cinéma, en notant que le budget décor devait être serré – aucune bâtisse photographiée par Gregor Sailer ne fait illusion très longtemps. Et ceci même dans les vues de face, lorsque le verso brut est hors champ, car les hameaux sans âme de la série The Potemkin Village ne sont importants que pour leur présence physique: ils servent de camp d’entraînement au combat urbain, de cache-sexe à la misère russe ou de projet immobilier reproduisant en façade le «rêve européen».
Présentés au Centre de la photographie de Genève (CPG), les clichés de l’artiste et designer autrichien ont en commun d’exclure la composante humaine. Ainsi, aucun soldat à l’affût ne parcourt les villages britanniques, français, allemands ou étatsuniens, tous immortalisés au format «chambre» et baignés d’une pâle lumière hivernale. Un jour blanc qui refuse carrément de dire où les choses s’arrêtent dans l’étape suédoise du parcours, avec une