La Liberté

L'exposition «Nakba», aux racines du drame du peuple palestinien

Exposition • Johannes et Marie Fankhauser, du groupe «Chemins de Palestine», sont la cheville ouvrière à Fribourg de l'exposition  «La Nakba - Exode et Expulsion des Palestiniens en 1948». Ils expliquent le but de leur exposition «qui se veut impartiale».

Caroline et Nathan Finkelstein (à gauche) avec Johannes et Marie Fankhauser; les deux couples qui ont amené l'exposition à Fribourg. © Jaques Berset/Apic
Caroline et Nathan Finkelstein (à gauche) avec Johannes et Marie Fankhauser; les deux couples qui ont amené l'exposition à Fribourg. © Jaques Berset/Apic

Jacques Berset, APIC

Publié le 07.10.2014

Temps de lecture estimé : 5 minutes

Après avoir circulé en Suisse alémanique, en France et à Nyon, «La Nakba» fait escale cette semaine à Fribourg, à l'«Espace 25» au Boulevard de Pérolles. Créée en Allemagne à l’initiative d'Ingrid Rumpf, présidente de l’œuvre d’entraide pour les enfants palestiniens réfugiés au Liban (Flüchtlingskinder im Libanon e.V) à Pfullingen, l'adaptation française en a été réalisée par le Collectif judéo-arabe et citoyen pour la Palestine, à Strasbourg.

«De nombreux organismes internationaux, parmi lesquels l’Institute for Palestine Studies, l’Applied Research Institute Jerusalem, Zochrot Tel-Aviv Jaffa, ont contribué à la création de l’exposition par la mise à disposition d’un matériel iconographique jusque-là inexploité», souligne Johannes Fankhauser.

Pour une prise de conscience

Propriété du Collectif Urgence Palestine, l'exposition a été amenée à Fribourg par Nathan Finkelstein et son épouse Caroline, engagés pour la justice et les droits de l'Homme dans cette région du monde. Arrivé à la retraite, cet ancien ingénieur de l'entreprise Motorola, à Genève, voulait s'investir dans l'humanitaire, quand, en 2003, il est tombé dans une rue de Nyon sur un stand informant sur la situation en Palestine.

Le couple, des juifs se qualifiant d'athées, n'avait jamais mis les pieds en Israël. «On connaissait évidemment la version israélienne des événements, mais il fallait aller voir de l'autre côté! Je ne me définis pas comme «pro-palestinien». Je suis simplement en faveur de la défense des droits de l'Homme, de la dignité humaine. C'est pour cela que je m'oppose aux actions du gouvernement israélien.» Nathan Finkelstein espère que cette exposition contribuera à une prise de conscience de la réalité par un large public.

Vaste opération de «nettoyage ethnique»

En quatorze panneaux explicatifs, l'exposition part de la naissance du sionisme au XIXe siècle, des débuts de l’immigration juive en Palestine jusqu’à la Déclaration Balfour de 1917. Puis elle aborde la période du Mandat britannique et le plan de partage de la Palestine par les Nations Unies du 29 novembre 1947, pour arriver à la guerre lors de la fondation de l'Etat d'Israël en 1948, et à la situation des réfugiés palestiniens aujourd'hui.

Le visiteur est confronté à de nombreuses cartes, tableaux statistiques et illustrations. De larges citations et textes extraits d’ouvrages et des recherches menées par les «nouveaux historiens israéliens» viennent étayer une réalité historique irréfutable. «L’exposition montre la transformation violente qu’a connue la Palestine entre 1947 et 1948, devenue, depuis le début du XXe siècle, la cible du projet sioniste. Projet qui va amener l’exode, la destruction de villes et de villages ainsi que l’expropriation de terres agricoles et l’effondrement de la société palestinienne,» explique Johannes Fankhauser.

«Une démarche pour la justice et la dignité»

L'année 1948 est appelée par les Palestiniens la «Nakba», qui signifie en arabe «désastre» ou «catastrophe». C'est justement le mot «Nakba» qui a été choisi comme titre de l'exposition sur l'exode et l'expulsion des Palestiniens.

«Ce n'est pas une démarche politique, mais une démarche pour la justice, la dignité et les droits de l'Homme. Nous voulons donner une information complémentaire au point de vue dominant, montrer la souffrance et l'humiliation du peuple palestinien chassé de sa terre», note Johannes Fankhauser, qui s'est rendu dans les territoires palestiniens en avril 2013, avec un groupe d'une douzaine de personnes.

Le Fribourgeois a été choqué par l'ampleur des destructions, la confiscation des terres, le mur de séparation qui prive les Palestiniens de leurs sources de revenus.

Réaction des pro-israéliens

Les milieux pro-israéliens, par le biais de Lukas Weber, de l'Association Suisse-Israël (ASI), n'ont pas tardé à réagir. Dans une lettre adressée au couple Finkelstein, le président de la section bernoise de l'ASI écrit que l'exposition «ne donne pas une image équitable de la situation, mais au contraire propage des idées fortement partisanes».

Lukas Weber écrit que s'il «est exact que près d'un million d'Arabes ont quitté Israël après sa fondation… certains sont partis volontairement dans l'attente d'une proche destruction d'Israël, d'autres ont été chassés». Rappelons que l'ASI, dans son «Plan directeur» (Cf. http://www.schweiz-israel.ch/fr/plan-directeur.html), «exige l'abandon de la prétention au retour intégral des réfugiés palestiniens en Israël, ce qui marquerait implicitement la fin de l'Etat d'Israël en tant qu'Etat juif».

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Informations

Organisée par les associations fribourgeoises «Chemins de Palestine» et «Aider Beit-Sahour» ainsi que par le «Collectif Urgence Palestine» à Genève, l'exposition «La Nakba – Exode et expulsion des Palestiniens en 1948», est ouverte du lundi 6 au samedi 11 octobre à l'Espace 25, au Boulevard de Pérolles 25 à Fribourg. Des visites guidées sont organisées chaque jour à 19h00.

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