«Je m’appelle Daniel Pittet, j’ai 65 ans, je suis marié, j’ai six enfants, j’ai travaillé à la bibliothèque de Fribourg. Et entre mes 9 et 13 ans, j’ai été violé toutes les semaines par un prêtre…» L’homme qui énonce cette phrase passant en peu de mots de la banalité à l’horreur absolue n’est pas Daniel Pittet. Pourtant, son «je» sonne plus vrai que nature. C’est Fabian Ferrari. Seul sur scène dans la pénombre, le comédien vaudois répète pour la énième fois la pièce qui se jouera bientôt au théâtre le Bateau-Lune de Cheseaux-sur-Lausanne puis ailleurs en Suisse romande.

Mais ce n’est pas une répétition comme les autres. Car, face à lui, dans la salle de ce théâtre qui fut jadis une église protestante, se trouve son metteur en scène, Jean Chollet et à sa droite son modèle, Daniel Pittet. L’air concentré, le visage crispé, des émotions contradictoires plein la tête et le cœur.

«Je me suis reconnu dans cette interprétatio