La Liberté

La vente de chemises edelweiss dopée

La fête fédérale de lutte fait une publicité d’enfer aux chemises edelweiss. Mais la concurrence fait rage

L’entreprise familiale Märithüsli dans l’Oberland bernois est le plus grand fabricant de chemises edelweiss en Suisse.
L’entreprise familiale Märithüsli dans l’Oberland bernois est le plus grand fabricant de chemises edelweiss en Suisse.

Christian Hunkeler

Publié le 09.08.2016

Temps de lecture estimé : 5 minutes

Confection » Alors que les lutteurs vont prochainement s’affronter devant des milliers de spectateurs à l’occasion de la fête fédérale de lutte, il en est une qui se trouve toujours sous les feux de la rampe: la chemise edelweiss. Cela n’est pas sans réjouir les commerçants.

La marche triomphale de ce vêtement a commencé il y a 10 ans. L’Union suisse des paysans (USP) avait alors fait revêtir ce morceau de tissu à des célébrités comme Michelle Hunziker, Köbi Kuhn et Stephan Eicher dans le cadre d’une campagne publicitaire.

«Cette action avait alors sensiblement augmenté sa notoriété», explique Samuel Jenni, en charge du marketing auprès de Märithüsli, le plus grand fabricant de tels habits en Suisse. L’entreprise familiale écoule environ 20 000 chemises edelweiss par année. Quelque 8000 pièces quittent l’atelier de Brienzwiler dans l’Oberland bernois. Les 12 000 autres sont confectionnées au Tessin.

Appréciée des citadins

En année de fête fédérale de lutte, comme c’est le cas tous les trois ans, la demande augmente de près de 15%, selon Samuel Jenni. Et les acheteurs ne sont pas que des fans de ce sport mais aussi des urbains, qui redécouvrent le côté chic de la «swissness».

Wenet à Mollis (GL), Efbe à Brügg (BE) et Dobler à Willisau (LU) observent également un accroissement de la demande à cette occasion. Ces trois plus petits fabricants ne peuvent ou ne veulent toutefois pas articuler de hausse précise. Les ventes font partie du «secret des affaires».

Le patron d’Efbe, Jörg Misteli, et le directeur de Wenet, Fridolin Zentner-Roth, évoquent une augmentation sensible à chaque fois qu’une telle fête est organisée. Le patron de Dobler, Roland Dobler, n’entrevoit, quant à lui, aucun grand écart.

Concurrence bon marché

Le vêtement est aussi populaire en dehors de nos frontières. «Nous vendons nos chemises dans le monde entier. Mais cette pièce de tissu est avant tout demandée par les Suisses de l’étranger», souligne Jörg Misteli.

Les affaires pourraient encore mieux tourner sans la concurrence des produits meilleur marché fabriqués en Amérique du Sud et en Extrême-Orient. Selon le fabricant bernois, une chemise helvétique edelweiss à manches longues coûte entre 80 et 90 francs alors qu’un habit produit dans ces pays peut revenir à la moitié de ce prix, voire encore moins.

Un tel habit est affiché au prix de 34,90 francs auprès du détaillant Aldi et de 22,90 francs chez Landi. Auprès de ce dernier, qui fabrique ses chemises en Colombie, les ventes ont triplé depuis 2012, date de leur introduction dans son assortiment.

L’année passée, la firme en a écoulé 40 000, soit le double de Märithüsli. En 2016, les ventes de ce produit ont progressé jusqu’à présent de 20 à 30%, selon les indications du groupe.

Aldi propose les chemises edelweiss en solde sur une période déterminée. «Ces vêtements jouissent d’une grande popularité auprès de notre clientèle et cela tout spécialement à l’occasion de la fête nationale», informe la chaîne de magasins. Elle ne fournit toutefois aucun chiffre sur ses ventes.

Le problème de ces vêtements moins onéreux n’est pas nouveau. Selon Samuel Jenni, son entreprise a connu cet écueil depuis le début. «Simplement, entre-temps, nous avons beaucoup de clients qui sont revenus en quête de l’original», explique-t-il.

Envie d’authenticité

Que Landi, qui accorde beaucoup de valeur à la «swissness», fabrique ses chemises dans un pays aux salaires plus bas, laisse Fridolin Zentner-Roth pantois. Si la concurrence existe depuis longtemps, elle se fait toutefois à peine sentir, tant la facture des produits diffère, souligne le responsable de la firme qui emploie huit collaborateurs.

Le patron de Dobler abonde dans le même sens. «A long terme, seuls les vêtements de qualité survivent», soutient celui qui dirige l’entreprise en mains familiales depuis trois générations.

Le responsable de la communication de Landi, René Kaiser, rejette ces reproches. A ses yeux, le détaillant propose un habit avec un excellent rapport qualité-prix. «Rien que les ventes de ces dernières années montrent que notre chemise doit être un bon produit», argumente-t-il.

Artisanat et charges salariales

L’habit original se compose à 100% de coton tissé. Il est cousu main. Et le double fil utilisé le rend particulièrement résistant. Cela explique pourquoi il est si populaire auprès des lutteurs.

En raison des charges salariales élevées, la chemise n’est que partiellement fabriquée en Suisse. Dobler et Efbe font coudre le vêtement au Portugal. Märithüsli et Wenet confectionnent cet habit sur sol helvétique, d’après leurs indications.

Tous les fabricants doivent cependant s’approvisionner en tissu à l’étranger. Depuis plusieurs décennies, il n’existe en effet plus en Suisse d’entreprise de tissage. Märithüsli travaille avec une firme autrichienne. Efbe se fournit au Portugal et Dobler, tout comme Wenet, dans l’Union européenne.

ATS

10 ans

La chemise edelweiss n’a été popularisée par l’Union suisse des paysans que 
récemmment, il y a 10 ans.

15 pour cent

C’est l’augmentation de la demande en chemises chez Märithüsli les ­années de fête fédérale de lutte

100 pour cent

La chemise edelweiss est composée en ­totalité de coton tissé cousu main. Et le double fil utilisé le rend très résistant.

Articles les plus lus
Dans la même rubrique
La Liberté - Bd de Pérolles 42 / 1700 Fribourg
Tél: +41 26 426 44 11