Pour beaucoup de touristes, visiter un pays se résume à descendre dans un hôtel de la capitale. Mais c’est dans les campagnes que se trouve l’âme d’une contrée. Par exemple dans ce petit établissement familial niché à l’ombre d’une dense forêt de conifères, à quelques encablures du bassin industriel de la Ruhr. Les chambres ont l’air d’avoir été aménagées pour les enfants des patrons et dans la vaste salle à manger, toute en boiseries, on déguste une solide cuisine allemande ne lésinant pas sur la panure. Pour le petit-déjeuner, c’est dans un salon annexe que ça se passe. Au mur, une vitrine commémorative rend hommage aux membres disparus d’un club local d’amateurs de tabac. Il a une longue histoire, ce club: deux de ses illustres torailleurs ont été portés disparus à Stalingrad en 1943, à en croire leurs courtes épitaphes. Après un moment de flottement, l’un des convives rompt le silence: «Il y en a au moins deux qui ne sont pas morts du cancer du poumon…» MRZ