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Peu probable mais pas impossible: l'Argentine passée au crible

Le monde entier s'attend à ce que l'Argentine balaie sans difficulté l'équipe de Suisse, mardi à São Paulo (18h00), en huitième de finale de la Coupe du monde. La dissection ligne par ligne de l'Albiceleste contraint toutefois à nuancer le propos.

Julien Pralong (SI)

Publié le 29.06.2014

Temps de lecture estimé : 3 minutes

Improbable mais pas impossible: voici le résumé qui collerait sans doute le mieux aux discussions quant aux chances de qualification des hommes d'Ottmar Hitzfeld. Improbable car les Argentins ont Lionel Messi, l'homme que personne ne peut arrêter et qui, n'en jetez plus, est entouré par de magnifiques joueurs comptant parmi les meilleurs attaquants du plateau.

Pas impossible car, comme souvent, l'Albiceleste concentre ses talents dans son secteur offensif mais présente de réelles lacunes dans les autres compartiments de son effectif. L'Argentine, certes deux fois championne du monde (1978 et 1986), affiche d'ailleurs pour cette raison un bilan en Coupe du monde autrement plus modeste que les mastodontes brésiliens, italiens ou allemands. En fait, à part lors de ses deux campagnes victorieuses - la première au pays sous l'oeil de la dictature militaire et la seconde grâce au génie de Maradona -, elle n'a atteint les demi-finales que deux fois dans son histoire, en 1930 et en 1990.

Messi plutôt seul

Au Brésil, le sélectionneur Alejandro Sabella, après un test peu concluant en 5-3-2 lors de la première rencontre contre la Bosnie (1-0), est revenu au 4-3-3 qui a permis à Lionel Messi de se sentir enfin à l'aise en équipe nationale. La Puce, auteur de quatre des six réalisations des gauchos dans le tournoi, sera bien évidemment le danger numéro un pour la Suisse. Souvent à l'arrêt, semblant errer sur le flanc droit, le Barcelonais sait mieux que quiconque au monde placer une accélération dévastatrice.

S'il y a eu un mieux contre le Nigeria (3-2) par rapport à la partie face à l'Iran (1-0), le jeu de l'Albiceleste n'est pas encore au niveau attendu. Notamment parce que Messi ne trouve pas encore un lien évident entre ses initiatives personnelles et ses partenaires. La faute aussi aux performances plutôt décevantes jusque-là de Gonzalo Higuain en pointe et de Sergio Agüero, qui sera forfait contre la Suisse mardi (cuisse).

Di Maria - Rojo mettent de la vie

Le seul autre membre des Quatre fantastiques à la hauteur de l'événement est Angel Di Maria, animateur en chef d'un flanc gauche rendu très vivant par les montées du latéral du Sporting du Portugal Marcos Rojo. A droite, Messi prenant tellement de place, Pablo Zabaleta et le milieu de terrain se trouvant devant lui se contentent des tâches défensives, ce qu'ils font avec un bonheur très inégal selon les situations.

Franchissant parfois la limite de l'acceptable dans ses interventions, le défenseur de Manchester City est tout sauf une assurance tous risques pour l'Albiceleste. Il faut dire que Fernando Gago, censé le soulager, n'est pas d'une efficacité folle. Le demi, de retour au Boca Juniors après avoir passé cinq ans en Europe (Real Madrid, Roma, Valence) sans y avoir laissé une trace indélébile, fait lui aussi partie des maillons faibles de l'Argentine.

Les habitudes de Mascherano

Successeurs du binôme Demichelis - Burdisso en défense centrale, Ezequiel Garay et Federico Fernandez sont rigoureux dans les duels et disposent d'une bonne relance. Quelques imprécisions dans leur placement ouvrent toutefois par moments des brèches, surtout quand l'adversaire procède par contres et cherche rapidement à les mettre en difficulté dans leur dos. Derrière eux, l'inconnue est encore plus grande avec le portier Sergio Romero, qui n'est que remplaçant à Monaco mais dont la personnalité et les appuis au sein du vestiaire (Messi...) en font le titulaire indiscuté en sélection.

Entre une ligne de feu exceptionnellement douée et une arrière-garde moyenne, on attend de Javier Mascherano, 30 ans et 101 sélections, qu'il veille à l'équilibre et à la cohésion du projet dans son rôle de libero du milieu de terrain. Mais, après plusieurs saisons disputées en défense centrale au Barça, certains réflexes inhérents au poste de no 6 lui manquent aujourd'hui. Et tant les Iraniens que les Nigérians, les premiers en contrant rapidement et les seconds en exerçant un gros pressing à mi-terrain, ont bien failli en profiter.

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