Notre canton s’apprête à équiper nos écoles en moyens informatiques grâce à un crédit de 75 millions et une stratégie d’éducation numérique. Pourtant depuis longtemps, les enseignants et les services de l’Etat demandent plus de moyens humains afin de baisser les effectifs élevés des classes ou pour offrir un soutien adapté aux enfants de ce canton.

Je suis pour une vision numérique de l’école et de la société. Je questionne toutefois ce projet. Plutôt que d’investir massivement dans un parc informatique, pourquoi ne pas donner la priorité aux ressources humaines? Combien de mois d’attente pour une séance de logopédie ou une prise en charge adaptée en situation d’urgence (violence en classe par exemple)? Combien de classes surchargées où l’on doit faire plus de discipline que d’enseignement?

Ce budget de 75 millions représente au moins 150 postes plein-temps par an dont nous avons grandement besoin depuis des années afin d’améliorer la qualité de tous les services en lien avec la jeunesse. Ouvrons des classes et baissons leurs effectifs. Offrons la possibilité aux professionnels en place de se former correctement afin de répondre aux défis futurs. Désengorgeons les services surchargés pour accélérer les demandes.

Il faut des ressources humaines, car des ordinateurs ou des tablettes ne permettent pas de le faire! Il faut encadrer, éduquer et former les jeunes au numérique (ChatGPT, réseaux sociaux, fake news, etc.), mais dans les conditions actuelles, c’est impossible.

Pour quelles raisons le monde politique n’arrive-t-il pas à répondre à nos besoins, pourtant fondés et pleins de bon sens?

Fabien Bourqui, enseignant au Collège Sainte-Croix, membre comité SSP Enseignement, Rueyres-Saint Laurent