«Un kamikaze ne se radicalise pas seul»
Eclairage • Les attentats de Paris reposent la question des phénomènes de radicalisation en Occident. Expert en la matière, le sociologue Farhad Khosrokhavar dresse le portrait type des auteurs d’attentats-suicides.
Propos recueillis par Marc Semo
Temps de lecture estimé : 7 minutes
Spécialiste des phénomènes de radicalisation, le sociologue franco-iranien Farhad Khosrokhavar, directeur d’étude à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS) à Paris, auteur notamment de «Radicalisation» (2014), analyse les profils des auteurs d’attentats-suicides. Entretien.
Jamais il n’y avait eu jusqu’ici d’attaques-suicides en France. Est-ce un tournant?
Farhad Khosrokhavar: Jusqu’ici, les attaques djihadistes commises sur le sol français étaient toujours ciblées, visant par exemple «Charlie Hebdo» puis la communauté juive, en janvier 2015, ou des militaires français musulmans, comme le fit Merah avant de s’attaquer à une école juive de Toulouse. Nous nous trouvons maintenant face à un terrorisme aveugle, notamment parce que nombre des objectifs sensibles sont proté