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JPF-Ducret réalise un demi-mât d'éolienne en bois

JPF-Ducret vient de réaliser le pied d’une éolienne hybride pour un développeur de parc éolien français

En route vers Essey-les-Ponts, le «quadripode » réalisé par JPF-Ducret est un peu plus haut que celui-ci, déjà existant. © InnoVent
En route vers Essey-les-Ponts, le «quadripode » réalisé par JPF-Ducret est un peu plus haut que celui-ci, déjà existant. © InnoVent
JPF-Ducret a réalisé un demi-mât d’éolienne en bois pour InnoVent. © JPF Ducret
JPF-Ducret a réalisé un demi-mât d’éolienne en bois pour InnoVent. © JPF Ducret

Stéphane Sanchez

Publié le 19.01.2023

Temps de lecture estimé : 4 minutes

Bulle » JPF-Ducret, spécialiste de la construction bois au sein du Groupe JPF, ajoute une nouvelle corde à son arc: l’éolien. L’entreprise basée à Bulle travaille depuis juillet dernier à la réalisation d’un «quadripode», fabriqué dans son unité de production d’Yverdon-les-Bains. Ces prochains jours, elle aura livré toutes les pièces monumentales à son client, la société française InnoVent. Destination: le parc éolien d’Essey-les-Ponts, en Haute-Marne, à 100 km au nord de Dijon.

L’objectif de ce quadripode en bois? «Réduire l’énergie grise des éoliennes et améliorer leur durabilité», explique François Broux, directeur des travaux neufs d’InnoVent. «En remplaçant 40% de mât à sa base, plus épaisse, on réduit la quantité d’acier utilisée de 70%.» Le support arqué permet en outre de mieux répartir les efforts et de diviser par 10 le volume de la fondation en béton de l’éolienne. Cette fondation consiste en l’occurrence en quatre plots d’une douzaine de mètres cubes de béton ancrés dans la roche. Pour la même éolienne dotée d’un mât classique, il aurait fallu un bloc de 450 m3 environ.

Une expertise rare

InnoVent n’en est pas à son premier prototype. Déjà construites, deux des six éoliennes d’Essey-les-Ponts sont déjà posées sur des quadripodes hauts de 35 mètres, réalisés par une entreprise française. Celui confié à JPF-Ducret, quant à lui, mesure 44 m de haut. La génératrice de cette septième éolienne culminera ainsi à 108 mètres du sol et sera entraînée par des pales de 68 m de long. «Avec ces 9 mètres de hauteur en plus, nous pouvons espérer 9% de production supplémentaire», justifie François Broux. «Nous voulions également voir si les coûts et les contraintes changeaient notablement avec ce quadripode plus grand.»

L’entreprise bulloise a pu disposer du travail d’ingénierie fourni pour les deux premiers prototypes. «Mais nous avons optimisé les assemblages», explique Yannick Cuby, chef de projet chez JPF-Ducret. «Les arcs des premiers quadripodes étaient traversés par des plats de liaison métalliques, ce qui crée des points de faiblesse et des entrées d’eau. Nous avons quant à nous utilisé notre technologie Ferwood (une marque déposée), qui allie perçage du bois, tiges filetées et résine époxy. Cela permet de reprendre de gros efforts sans entailler le bois», note le chef de ce projet qui a mobilisé 20 à 25 collaborateurs de JPF-Ducret (sur 250).

Contrer la «fatigue»

«Nous avons l’habitude de bâtiments statiques. Mais ici, la génératrice et ses vibrations amènent des effets cycliques de fatigue dans les assemblages. Notre solution permet de concurrencer des options tout métal», ajoute Yannick Cuby. «Seules 5 à 10 entreprises spécialisées en Europe sont capables de répondre à ce type de mandat.»

«Notre maîtrise du collage a aussi joué un rôle», poursuit le chef de projet, en évoquant les «dimensions impressionnantes» des éléments. Les quatre arcs font 41 mètres de long (43 avec les ferrures d’assemblage), pour 1,60 m et 60 centimètres d’épaisseur. Chacune pèse 26 tonnes (40 m3 de bois) et est en cours d’acheminement par convoi spécial. Avec le «treillis» intérieur, transporté par six camions, le volume de bois atteint 350 m3.

L’essence choisie est le sapin de Douglas, récolté en France, et dont le cœur a des propriétés de durabilité supérieures à la plupart des extraits de résineux européens en matière de résistance aux insectes et aux champignons.

Le prix de ce quadripode, qui sera assemblé par des Français, avoisine 1,3 million de francs, indique Yannick Cuby. «C’est plus cher qu’un mât classique», confirme François Broux. «Mais une production en série permettrait d’optimiser les coûts. Il existe des mâts entièrement en bois, plus épais que s’ils étaient en acier, notamment à Hanovre. Mais le socle de béton reste nécessaire, alors que c’est l’élément le moins durable – l’acier, lui, est recyclable. Par ailleurs, un quadripode pose moins de problèmes de transport.»

Le quadripode a-t-il un avenir? «Nous avons en tout cas prouvé que c’était une solution alternative. Nous discutons avec des constructeurs pour qu’ils l’intègrent à leur catalogue, parallèlement à l’offre classique.»

ndlr: pour plus de précision, les légendes des deux images ont été interverties et complétées en date du 23 janvier 2022.

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