La confusion du Grand Fribourg
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L’Assemblée constitutive du Grand Fribourg propose d’imposer l’allemand comme deuxième langue officielle de l’administration, de la vie politique et des écoles dans les neuf communes officiellement francophones du périmètre provisoire, qui appartiennent toutes à un district francophone. C’est ignorer les règles constitutionnelles en vigueur, dont la première est le principe de la territorialité des langues. L’Etat et les communes doivent ainsi veiller à la répartition territoriale traditionnelle des langues.
Inconscience des représentants de la périphérie ou opportunisme de ceux de la capitale? Alors qu’il n’a jamais voulu d’un statut bilingue pour sa ville, le Conseil communal laisse au projet de fusion du Grand Fribourg le soin de régler à la hussarde cette question, sans se soucier des conséquences sur les autres entités du canton et sur la législation linguistique cantonale.
Il est vrai que l’on attend depuis plus de trente ans une loi qui définirait au moins les critères selon lesquels une commune peut avoir deux langues officielles ou changer de statut linguistique! Lors de la consultation sur le projet de Constitution cantonale, en 2003, le Conseil d’Etat avait annoncé qu’il préparerait des dispositions d’application des articles «linguistiques». C’est en se fondant sur cette «promesse» que la Constituante a renoncé à exprimer noir sur blanc la nécessité d’une loi d’application.
Le flou existant dans notre droit des langues rendrait d’autant plus périlleux de s’engager dans des processus qui modifieraient artificiellement l’identité de nos collectivités locales.
Antoine Geinoz,
ancien secrétaire général
de la Constituante,
Alexandre Papaux,
ancien juge cantonal