La Liberté

La manifestation des islamistes suscite moult questions de l’UDC

Fribourg • Après le rassemblement de samedi sur la place Python, les députés Nicolas Kolly et Stéphane Peiry interpellent le Conseil d’Etat.

Selon les députés, le port du voile intégral par plusieurs manifestantes viole le Code pénal et les directives émises par le préfet. © Corinne Aeberhard
Selon les députés, le port du voile intégral par plusieurs manifestantes viole le Code pénal et les directives émises par le préfet. © Corinne Aeberhard

Claude-Alain Gaillet

Publié le 05.12.2014

Temps de lecture estimé : 3 minutes

Nos photos de cette manifestation sont à retrouver via ce lien
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L’occasion était trop belle pour ne pas en profiter. La manifestation organisée samedi dernier sur la place Python, à Fribourg, par les jeunes islamistes suisses offre à l’UDC une nouvelle opportunité de porter le débat sur un de ses thèmes de prédilection. Ses députés Nicolas Kolly (Essert) et Stéphane Peiry (Fribourg) interpellent donc le Conseil d’Etat par toute une série de questions sur ce rassemblement, appelé par ses organisateurs «contre l’islamophobie».

La première interrogation concerne le préfet de la Sarine. Les deux députés ne comprennent pas pourquoi une telle manifestation a été autorisée alors que les risques de troubler l’ordre public étaient, selon eux, les mêmes que ceux qui ont amené Carl-Alex Ridoré à interdire la conférence islamique prévue à Forum Fribourg par le Conseil central islamique suisse (CCIS). L’autre élément sur lequel le préfet sarinois s’est fondé pour ne pas autoriser la conférence, était que la liste des orateurs invités par le CCIS avait constamment évolué. Ces incertitudes n’avaient pas permis au magistrat d’apprécier ce volet en toute connaissance de cause.

Des sanctions?

Or, constatent les députés Kolly et Peiry, les orateurs annoncés pour la manifestation de samedi était au nombre de onze. Alors que les directives du préfet Ridoré, dont ils ont eu connaissance, auraient limité ces orateurs à quatre, pour une durée de quinze minutes par intervention. En réalité, il s’avère que ni le nombre d’orateurs, ni le temps de parole imparti n’ont été respectés, affirment les deux élus. Qui veulent savoir si des sanctions seront prononcées.

Nicolas Kolly et Stéphane Peiry constatent aussi que de «nombreuses personnes» portaient le voile intégral. Comme la loi d’application du code pénal prévoit l’amende pour de telles tenues, les deux députés UDC veulent savoir combien de «contraventions» ont été prononcées.

La manifestation de samedi a mobilisé les forces de l’ordre. Les deux députés veulent connaître le nombre de gendarmes dépêchés sur place et le coût de cette présence. Et de poser ces questions finales: le Conseil d’Etat va-t-il, à l’avenir, interdire les manifestations du CCIS dans le canton, ainsi que le CCIS tout court?

Primeur au Conseil d’Etat

Interrogé par «La Liberté», Carl-Alex Ridoré n’a pas encore pris connaissance dans le détail du rapport de police. Il réserve la primeur de ses conclusions au Conseil d’Etat. Le préfet rappelle simplement que la conférence islamique que le CCIS voulait organiser à Forum Fribourg, et la protestation de samedi organisée par les jeunes islamistes suisses ne sont pas de même nature. «Elles n’ont pas les mêmes organisateurs, elles ne poursuivent pas le même but et elles n’ont pas le même format», souligne-t-il.

Carl-Alex Ridoré relève aussi que, contrairement à la conférence, le rassemblement de samedi n’avait pas formellement besoin d’une autorisation mais faisait l’objet de directives.

Quant à savoir si ces directives ont été violées et si leurs éventuelles infractions feront l’objet de sanctions (amendes ou dénonciations au Ministère public), Carl-Alex Ridoré réserve là aussi la primeur de ses considérations au Conseil d’Etat. 

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