La Liberté

Les protestants sous un seul toit

Dès 2019, les Eglises protestantes de Suisse s’uniront en une seule Eglise évangélique réformée

Laurence Villoz, Protestinfo

Publié le 23.06.2018

Temps de lecture estimé : 5 minutes

Réformés suisses »   Pour la première fois, les réformés de Suisse devraient former une Eglise nationale, d’ici à 2019. Réunis cette semaine à Schaff­house, les délégués de la Fédération des Eglises protestantes de Suisse ont terminé la révision de la nouvelle Constitution.

«Il y a cinq ans, quand j’ai parlé d’avoir une seule Eglise, les délégués ont rigolé. Mais nous avons pu construire ensemble une unité de manière réformée, nous avons créé notre propre ecclésiologie. Jusqu’à maintenant, les Eglises étaient centrées sur le niveau cantonal, mais cela pourrait changer», explique Gottfried Locher, président du Conseil de la Fédération des Eglises protestantes de Suisse (FEPS).

Réunis en assemblée du 17 au 19 juin, les délégués de la FEPS ont terminé la deuxième lecture de la nouvelle Constitution. En décembre prochain, elle sera soumise à un vote final sans possibilité de modifications. Si elle est approuvée, elle entrera en vigueur début 2019.

Direction tripartite

Concrètement, qu’est-ce que ça va changer? Actuellement, les Eglises cantonales forment une fédération. Avec la nouvelle Constitution, elles deviendront une Eglise, l’Eglise évangélique réformée de Suisse (EERS). «Cette structure permettra une identité conjointe sur trois niveaux: paroissial ou local, cantonal et national», précise le président. De plus, la direction sera tripartite, repartie entre le synode (actuelle assemblée des délégués), le Conseil et le président de l’EERS.

Dans l’ancienne Constitution, le président était seulement à la tête de l’exécutif. «C’est un mal­entendu d’imaginer que le président aura le pouvoir. Il aura un rôle de représentant spirituel et peut-être politique, mais il ne prendra pas de décisions pour l’Eglise, les décisions revenant au synode», précise encore Gottfried Locher.

«Nous avons aussi une mission commune explicitement définie: témoigner l’Evangile en paroles et en actes», ajoute le président qui souligne que l’EERS aura la possibilité d’être plus présente et visible dans la ­société.

Lors de cette deuxième lecture, les délégués ont surtout effectué un travail de toilettage des différents articles. Toutefois, la Con­férence Fem­mes a proposé l’ajout d’un nouvel article sur l’égalité des sexes qui a été approuvé. «L’EERS encourage l’égalité des sexes et la représentation équilibrée des sexes dans ses structures» figure désormais dans la nouvelle Constitution. «C’est un réel défi, nous avons défini la structure, maintenant tout est à construire», se réjouit Gottfried Locher.

Lors de cette assemblée, les délégués ont également approuvé les comptes 2017, qui ­présentent un déficit de 73 607 francs sur un total de charges d’environ 9,7 millions de francs. Un résultat final meilleur que budgété. Elément phare de l’année 2017: le jubilé de la Réforme. Les dépenses engagées pour ce projet ont dépassé le budget de 820 000 francs, notamment à cause de l’ajout de plusieurs projets et du nombre d’heures supplémentaires que les collaborateurs ont dû effectuer. Toutefois, cet excédent de charges a pu être en partie équilibré par des prélèvements au capital d’organisation et au Fonds Zwingli, qui a pour but d’encourager la formation et la tenue de rencontres et de séminaires.


 

Les réformés invitent le pape pour l’Année Zwingli

Le président du Conseil de la Fédération des Eglises protestantes de Suisse (FEPS) a saisi l’occasion de la visite du pape François au Conseil œcuménique des Eglises (COE) à Genève, ce jeudi, pour lui remettre une invitation à participer à un dialogue œcuménique à l’occasion de l’Année Zwingli 2019 (Photo Albin Hillert/COE).

«La mission chrétienne ne s’arrête pas aux murs de nos lieux de culte. Elle est universelle. Ensemble, nos Eglises sont plus crédibles», a affirmé le président de la FEPS, Gottfried Locher.

Rappelant la commémoration de l’Année Zwingli 2019, le pasteur Locher a remis au pape une invitation à un dialogue œcuménique, «afin de faire de l’importance de la tradition réformée pour l’Eglise dans le monde un thème de discussion l’an prochain», note la FEPS dans un communiqué.

Le réformateur Ulrich Zwingli avait prêché sa conception de la liberté chrétienne depuis la chaire du Grossmünster à Zurich à partir de 1519. Le renouvellement ainsi initié avait déclenché un mouvement dans la ville, le canton et le pays, et s’était répandu en Europe et dans le monde. «Les réformés constituent aujourd’hui la plus grande tradition au sein du protestantisme», rappelle la FEPS. La rencontre a eu lieu dans le cadre de la visite du pape François au COE à l’occasion des célébrations des 70 ans de ce Conseil mondial des Eglises.

Cath.ch

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