La Liberté

Pierre Bovet: «Le costume, c’est notre grand frisson!»

L'invité du lundi • Enfant de la Basse-Ville, chef d’entreprise dans la Broye, Pierre Bovet appartient au corps des Grenadiers fribourgeois. Et il organise avec ses amis, ce 13 juin, le repas du centenaire de la reconstitution du contingent…

Pierre Bovet a son entreprise dans la Broye, des talents de rassembleur et accessoirement une âme de Grenadier. © Vincent Murith/La Liberté
Pierre Bovet a son entreprise dans la Broye, des talents de rassembleur et accessoirement une âme de Grenadier. © Vincent Murith/La Liberté

Pascal Bertschy

Publié le 02.06.2014

Temps de lecture estimé : 9 minutes

Des comme lui, on n’en fait plus. Né avec l’esprit bien tourné, et même ouvertement tourné vers les autres, Pierre Bovet est toujours en train d’organiser une combine, de rassembler du monde pour une petite ou grande occasion. Il a grandi en Basse-Ville de Fribourg, joué au FC Richemond, fait sa vie dans la carrosserie. Il a quatre enfants et de multiples passions, le sport en tête.

Comme il est des leurs, il se démène en ce moment pour les Grenadiers fribourgeois. Précisément en organisant avec une formidable équipe le grand repas de fête qui marquera, ce 13 juin à la caserne de la Poya, le centième anniversaire de la reconstitution du contingent…

- Pierre, en organisant le repas du centenaire un vendredi 13, ne craignez-vous pas que cette soirée porte malheur aux Grenadiers?

Au contraire, la soirée se déroulera sur le thème de la chance et n’apportera que du bonheur! Aux convives, d’abord, qui auront droit à un menu du grognard, à de multiples animations, et se verront offrir un billet de l’EuroMillions dans chaque enveloppe de notre tombola. Le bonheur sera ensuite pour les Grenadiers, à qui cette fête rapportera un peu d’argent.

- Même les Grenadiers ont besoin de sous?

Bien sûr. Ce centième, dont on a voulu faire un moment marquant, nous coûte cher. Et puis, d’une manière générale, il nous faut de l’argent pour l’entretien des uniformes et des armes, pour l’achat de tissu, pour les frais de couturier…

- Quand avez-vous rejoint les Grenadiers?

En 2009, mais j’aurais pu en devenir membre il y a trente ans. Seulement, tout ça prend du temps. Et à l’époque, mes enfants étaient petits, j’étais jeune patron et déjà pas souvent à la maison…

- Servir dans la garde d’honneur des autorités supérieures de Fribourg, moi je veux bien être soldat à ce tarif: mission sympa, sans aucun danger ni le moindre risque…

Oh des risques, quand il s’agit de faire une très belle prestation, on en prend quand même. Mais, c’est vrai, nous sommes des soldats avec qui les gens ne risquent rien. Lorsqu’on se sert de nos armes, c’est pour tirer en l’air et toujours avec de la poudre.

- Les Grenadiers prônent l’apparat, c’est-à-dire une valeur très noble. Quoique devenue anachronique, à l’heure où tout le monde porte des jeans et des tee-shirts…

Eh bien, ça renforce encore notre raison d’être, notre devoir de perpétuer la tradition. Le contingent, c’est une page d’histoire de notre pays. C’est notre culture, notre passé, qu’il est bon de faire connaître aux jeunes générations. Ou à l’étranger, aussi, où nous allons régulièrement et où nous avons du succès. Comme en Uruguay, où nous avons été invités en 2012 pour les 150 ans de la ville de Nueva Helvecia. Nous y avons paradé devant 30 000 personnes, dont le président Mujica…

- Là, on doit être fier de porter l’uniforme…

On a cette fierté en toutes circonstances. Le costume, c’est notre grand frisson! Le Grenadier, le vrai, se reconnaît à cela: quand il met son uniforme, il a les poils qui se dressent. Si on ne ressent pas cette émotion, le jeu n’en vaut pas la peine.

- Quelle ambiance domine dans vos rangs?

Elle est familiale, avec tout ce que ça implique de joies et de contrariétés propres aux grandes familles. Cela dit, au fil du temps, le contingent s’est aussi ouvert. Autrefois, c’était un cercle plus fermé. Les Grenadiers effectuaient moins de prestations, mais elles duraient plus longtemps, notamment avec la rituelle «troisième mi-temps». Mais ce temps-là est révolu.

- Vous, sinon, pourquoi vous impliquez-vous autant dans divers groupements?

Ben, que voulez-vous, j’adore les gens!

- Des tas de gens aiment les gens, sans pour autant se mettre au service d’une société…

Les associations, les fanfares, les clubs de sport et autres mettent de l’huile dans les rouages de la société. Ce que j’aime surtout, et que je retrouve en particulier au Rotary Club, c’est l’idée de servir l’intérêt général. Au foot, par exemple, les joueurs que j’admire le plus sont ceux qu’on appelle les clubistes. Les fidèles, quoi!

- Parlons de la carrosserie que vous exploitez avec un de vos fils. Les règles de circulation devenues très strictes et la sécurité grandissante vous ont-elles enlevé du travail?

Non, petits ou grands, il y a toujours des accidents et nous sommes loin de chômer.

- Au volant, qui froisse le plus souvent de la taule? Les hommes ou les femmes?

Arrêtez, s’il vous plaît, les accidents arrivent à tout le monde! Et si c’est une automobiliste qui cabosse, aujourd’hui, on ne le lui reproche plus comme dans le temps. Tenez, l’autre jour, une dame est venue faire réparer son véhicule. En reculant sur le parking d’un centre commercial, elle avait heurté un poteau. La dame et son mari sont nos clients de longue date. Eh bien, quand elle lui a appris son petit accident, le mari a dit: «Ce sont sûrement les Bovet qui sont allés placer là ce poteau pendant que tu faisais les courses…» 

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BIO EXPRESS

Taille patron

> Né le 28 février 1956 à Fribourg d’un père, René, directeur de garage et d’une mère, Rose, vendeuse.

> Enfance à Pensier chez une mère nourricière, jusqu’à 5 ans, puis dans sa famille à Fribourg. Deux frères, Christian et Olivier, et une sœur, Valérie.

> A quatre enfants, Cindy, Sébastien, Stéphane et Jimmy.

> Vit à Portalban avec sa compagne Sonia.

> Peintre en voiture de métier, a ouvert sa propre carrosserie en 1992 à Cugy (FR).

> Membre du Contingent des grenadiers fribourgeois, ainsi que du Rotary Payerne-La Broye. Parrain de la Société de tir au pistolet d’Estavayer-le-Lac.

> Organise le repas de fête du 100e anniversaire de la reconstitution du Contingent des grenadiers fribourgeois ce vendredi 13 juin à la caserne de la Poya à Fribourg. Fin d’après-midi et soirée (rés.: 079 417 21 26).

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Pierre Bovet comme à la parade

> Une qualité qu’il pense avoir: «Je serais quelqu’un de généreux, d’après certains…»

> Un défaut qu’il est certain d’avoir: «Une grosse, une immense tronche!»

> Une gourmandise: «Le poisson.»

> Un pays où il pourrait vivre: «A tous les coups au bord du lac Majeur.»

> Un air qui l’accompagne: «La musique, je l’entends davantage que je ne l’écoute, mais j’aime bien la chanson française.»

> Un film qu’il adore: «Intouchables.»

> Une belle femme: «Une seule? Non, j’en ai deux à citer: Cindy et Sonia.»

> Quelqu’un qu’il admire: «Gilbert Facchinetti, grand bonhomme sur tous les plans, qui a un cœur aux dimensions hors normes.»

> Quelqu’un avec qui il ne prendrait pas la fondue: «Non, désolé, je suis ouvert à tout le monde. Toujours se dire que notre meilleur ennemi, si on en a un, est forcément le meilleur ami de quelqu’un. Et puis, si on a du mal avec telle personne, bien se dire aussi que le problème vient peut-être de soi.»

> Un souvenir d’enfance: «Jusqu’à dix ou douze ans, j’étais gros. Une vraie bouboule! Et comme on m’achetait toujours des habits au-dessus de ma taille, ma maman ne manquait jamais de tissu pour raccommoder…»

> Un top avec les Grenadiers: «Notre visite officielle à Moscou en 2010. Grâce à un haut personnage, nous avions eu le privilège de parader sur la place Rouge. Grandiose!»

> Un flop avec les Grenadiers: «A Tavel, pour le cérémonial où je devais passer sous les drapeaux en jurant honneur et fidélité, j’avais écrit sur un petit bout de papier le texte que je devais prononcer. Problème, j’avais oublié mes lunettes et mon bout de papier ne m’a servi à rien. J’ai dû improviser…»

> Ce qui l’insupporte: «Les faux-culs.»

> Ce qui le fait toujours rire: «Revoir «La grande vadrouille», même une énième fois.»

> Ce qui l’effraie le plus: «Ce serait qu’il arrive quelque chose à mes enfants.»

> Ce qui le réjouit toujours: «C’est tout simplement de voir des gens contents.» PBy

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C'ÉTAIT HIER

Eux sur les ailes et Gilbert au centre!

Cugy, 2012: avec son fils Sébastien, (à g.) qui dirige désormais l’entreprise familiale, et Gilbert Facchinetti, son ami d’au moins trente ans. Le Neuchâtelois mythique, que Pierre considère comme son père spirituel, s’était rendu ce jour-là chez les Bovet pour fêter avec eux les vingt ans de leur carrosserie.

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