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Aux racines du soi

Adopté par une famille fribourgeoise alors qu’il était bébé, Samuel Oberson a rencontré sa mère biologique pour la première fois en 2019. Il raconte

Samuel et sa mère biologique ont visité ensemble l’orphelinat dans lequel il a séjourné avant de venir en Suisse. © DR
Samuel et sa mère biologique ont visité ensemble l’orphelinat dans lequel il a séjourné avant de venir en Suisse. © DR

Mélodie Rossier

Publié le 31.03.2020

Temps de lecture estimé : 2 minutes

Témoignage » «Mon parrain a commencé les recherches sur mon origine en 2017», explique Samuel Oberson, 24 ans. Ce dernier se rendant souvent en Thaïlande, il demande un jour à voir l’acte d’origine de son filleul. «Il a découvert qu’une de ses connaissances habitait par hasard à 200 kilomètres seulement du village où vit ma mère biologique», raconte le jeune homme.

Profitant de l’occasion, avec l’accord de Samuel, son parrain retrouve sa mère avec un minimum d’informations. «Il m’a envoyé une vidéo dans laquelle elle apprend que je suis en vie. Ça a été très fort», raconte Samuel avec émotion. Deux ans plus tard, il se rend en Thaïlande pour la voir.

«La veille du voyage, j’étais malade, se rappelle Samuel. Quelque chose se passait en moi.» Il se souvient qu’à son arrivée à l’aéroport, il n’a pas eu le temps de se préparer. Elle était déjà là. «C’était comme si vingt et un ans me tombaient dessus d’un coup. Le temps s’est arrêté, c’était un choc comme lorsque l’on apprend un décès. Sauf que là, c’était l’inverse: je retrouvais ma mère.»

Si Samuel a retrouvé sa mère par ses propres moyens, d’autres enfants adoptés s’adressent au Service de l’enfance et de la jeunesse (SEJ), l’autorité cantonale centrale en matière d’adoption. L’organisme décompte 45 enfants adoptés à Fribourg durant ces dix dernières années.

Construire son identité

«Selon la loi, les jeunes adoptés ont accès à des informations permettant d’identifier leur famille biologique à leur majorité», rapporte Michaëla Bochud Roth, cheffe de secteur des milieux d’accueil au SEJ. Elle précise: «Ces informations sont celles collectées à la naissance mais peuvent avoir changé.» D’après ses observations, les jeunes construisent mieux leur identité s’ils connaissent une partie de leur histoire.

Pour le SEJ, il est important que les enfants soient accompagnés dans leur recherche: «Nous expliquons les procédures pour les aider à appréhender ce qu’ils lisent», explique Michaëla Bochud Roth. Elle ajoute que chaque enfant vit l’adoption à sa manière, indépendamment de sa famille adoptive.

Un manque indélébile

Samuel confie avoir eu une adolescence difficile: «Il m’a toujours manqué quelque chose, je me sentais égaré.» Un malaise qui influence son comportement: «J’avais besoin d’amuser la galerie parce que je me sentais différent, j’enchaînais les conneries.» Il confie avoir parfois utilisé le chantage affectif avec sa famille adoptive. «Retrouver ma mère a coïncidé avec le moment où j’ai décidé de me reprendre en main», explique Samuel.

Aujourd’hui, il se présente comme artiste polyvalent: «J’ai décidé de changer de nom de scène après la sortie de mon prochain album et faire ainsi le deuil de mon passé», note ce musicien, qui regarde l’avenir avec sérénité. «Vivre ça avec ma famille adoptive nous a réunis. J’ai deux mères maintenant. Je me suis rapproché de mes racines et de la communauté thaïe. Cela me manquait sans le savoir.»

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