La Liberté

Furies nocturnes

Phénomène qui a d’abord emporté la jeunesse des années 1990, les raves parties n’ont rien perdu de leur popularité auprès des 18-25 ans.

«La lutte contre la répression étatique perdure aujourd’hui dans l’esprit un peu contestataire des raves», explique Pauline Basset, 22 ans, étudiante en sociologie et anthropologie à l’Université de Fribourg. ©Allegria
«La lutte contre la répression étatique perdure aujourd’hui dans l’esprit un peu contestataire des raves», explique Pauline Basset, 22 ans, étudiante en sociologie et anthropologie à l’Université de Fribourg. ©Allegria

Yvan Pierri

Publié le 25.03.2023

Temps de lecture estimé : 3 minutes

Témoignages»  Nul doute que les rave parties, plus communément raves, ont gagné en popularité au cours de ces dernières années. Ces fêtes clandestines organisées secrètement dans des lieux isolés sont souvent accompagnées d’une odeur de soufre. Les raves attirent cependant de plus en plus les 18-25 ans.

«Les raves, ça a quelque chose de très mystérieux, de secret, de libre» 
Stéphanie*

A l’origine de la rave, il y a la répression étatique des manifestations nocturnes en Angleterre. A la jonction des années 1980 et 1990, la politique de Margaret Thatcher met à mal le monde de la nuit, si bien que de nombreuses boîtes sont contraintes de fermer leurs portes. Très vite, des personnes diffusent de la musique à l’extérieur dans des lieux isolés bien à l’abri des sirènes de police: «La lutte contre la répression étatique perdure aujourd’hui dans l’esprit un peu contestataire des raves», explique Pauline Basset, 22 ans, étudiante en sociologie et anthropologie à l’Université de Fribourg, où elle écrit son travail de bachelor sur le phénomène de la rave. «Les caractéristiques importantes d’un certain esprit rave sont la gratuité de la musique et la liberté. Il y a également une volonté de rester à la marge, ce qui rend l’accès très difficile car il faut avoir des contacts.»

Hétérogénéité 

En plus de la musique, c’est l’ouverture et l’hétérogénéité des raves qui attirent les jeunes. A cela s’ajoute une aura de mystère induite par les longues marches à effectuer pour y accéder: «Les raves, ça a quelque chose de très mystérieux, de secret, de libre. Tout le monde peut y aller», décrit Stéphanie*, 24 ans, étudiante en lettres à l’Université de Fribourg. «Ce sont des soirées où la police peut débarquer et tout annuler. On fait quelque chose d’un peu illégal et ça provoque de l’excitation et un sentiment d’exclusivité.»

«La bienveillance qu’il y a dans ce milieu, on la ressent tout de suite!»
William*

«Toutes mes soirées, elles durent trois jours», plaisante William*, aficionado des rave parties, pour qui la possibilité de faire la fête à rallonge est séduisante: «Même quand la fête est officiellement terminée, rien n’empêche de continuer avec d’autres personnes dix mètres plus loin», continue le jeune fêtard qui souligne la bonne humeur ambiante: «La bienveillance qu’il y a dans ce milieu, on la ressent tout de suite!»

Cliché

«La drogue, ce n’est pas réservé aux rave parties», affirme Pauline Basset, pour qui la consommation de drogue dans les clubs et dans les raves est équivalente. C’est surtout le degré d’ostentation qui est un marqueur de controverse. En effet, en boîte de nuit, il faut faire la queue aux toilettes pour consommer en cachette. De son côté, Stéphanie* s’exaspère de ce cliché: «Il y a des drogues car les fêtes ne sont pas contrôlées, mais elles sont finalement assez secondaires. Je trouve dommage que personne ne dise rien quand des gens ivres se montrent agressifs et insultants dans la rue mais que des fêtes dans la forêt font scandale. Je trouve ce double standard hypocrite.»

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