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Les amis invisibles, ou le quinzième whisky pour Papi

L’article en ligne – Cadeaux » C’est de nouveau Noël, et comme chaque année, vous avez tiré le membre de la famille le plus compliqué à satisfaire au jeu des amis invisibles.

C'est dans le bol à müesli préféré de votre petite cousine que se cache le destin de votre prochain réveillon... © Inès Conti
C'est dans le bol à müesli préféré de votre petite cousine que se cache le destin de votre prochain réveillon... © Inès Conti

Inès Conti

Publié le 03.12.2018

Temps de lecture estimé : 3 minutes

Et voilà, ça tombe encore sur grand-papa. Aussi loin que remonte votre argent de poche, dans la famille, c’est toujours sur vous que ça tombe : l’oncle qui n’aime rien (non mais vraiment, il n’aime rien du tout), le grand-papa ronchon, la cousine aux goûts de luxe, tous ces éternels insatisfaits semblent trafiquer le tirage au sort chaque année pour vous torturer le cerveau dès le quinze octobre. Ben oui, c’est qu’ici, on s’y prend à l’avance, et votre petite cousine sur-organisée arrive toujours à arranger un tirage au sort alors que vous n’êtes même pas encore passé à l’heure d’hiver. Cette année, lors de ce goûter-souper un peu douteux où votre grand frère avait encore forcé sur le rouge, vous avez plongé la main dans le bol à müesli avec détermination et courage : cette année, vous tirerez votre tante qui aime tant les livres, ou encore mieux, votre cousin de huit mois qui se contentera de baver sur l’énième hochet que vous pourrez lui offrir sans devoir poser un rein sur le comptoir de la caissière.

Mais non. Non, encore une fois, ce ne sera pas votre Noël de chance. Vos mains tremblent lorsque vous dépliez avidement cet infime bout de papier, ce minuscule confetti recyclé contenant le sort de votre prochain réveillon. La sueur perle sous votre pull qui gratte, offert l’an dernier par votre grande-tante ; c’est que même pour la personne qui vous tire, vous n’avez pas de bol. Le nom, inscrit au Bic bleu, vous fait perdre tout espoir en le hasard qui était censé récompenser votre assiduité sur les dernières années : Papi Henri. Et rebelotte, il va falloir acheter du whisky.

Parce que finalement, ces histoires d’amis invisibles, ce n’est même pas si propice à votre portemonnaie : à force de bonne volonté et d’âpres négociations avec le vendeur (si, si, je vous promets, cette bouteille ne peut que faire un tabac), vous finissez quand même par le poser sur le comptoir, ce rein. Papi mérite bien ça, après tout, c’est un peu grâce à lui si on se retrouve chaque Noël autour du sapin déjà sec et trop décoré. Alors vous mettez le prix, en vous disant que la bouteille sera meilleure que l’an précédent. Puis vous sortez de la boutique à l’odeur de tourbe, l’air penaud et un trou dans le budget aussi gros que celui de votre pull qui gratte.

Cette année, encore une fois, les cadeaux étaient compliqués. Et le 24 au soir, entre le bœuf et l’âne gris, il y aura vous, toujours rien offert de chouette et une sacrée collection de tirages ratés à votre actif. C’est décidé : en 2019, vous proposerez un Noël sans cadeaux. C’est un truc commercial de toute façon...

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