La Liberté

Pour une écologie plus sexy

Pour une écologie plus sexy
Pour une écologie plus sexy

Jacques de Coulon

Publié le 26.11.2019

Temps de lecture estimé : 2 minutes

Opinion

L’écologie triomphe dans les urnes et dans les esprits. Or elle se réduit trop souvent à une ribambelle de chiffres martelés par les spécialistes: 60% d’animaux sauvages en moins depuis 1970, augmentation de 251% du coût des catastrophes naturelles ces vingt dernières années, objectif zéro carbone en 2050… Que de distingués scientifiques nous alertent, très bien! Mais l’écologie ne doit pas se cantonner dans le cerveau gauche et la pensée calculatrice. «Pour que la Terre demeure habitable, il ne faut pas concéder à la science le monopole du vrai; les chiffres ne sont pas tout», écrit Alain Finkielkraut. Et de plaider pour l’admiration des beautés de la nature qui ne sont pas quantifiables.

Beaucoup d’écologistes fondent leur discours sur la dissuasion et la peur. «Je veux que vous paniquiez!» tonne Greta. Ce genre de propos réveille sans doute les consciences. Ils ouvrent aussi la voie aux gardes verts de la révolution comportementale qui veulent régenter les existences en jouant sur la culpabilité. Est-ce vraiment la seule méthode? A cette approche grise et glaciale, je préfère une écologie positive basée sur l’émerveillement face aux splendeurs naturelles qui nous grisent et qu’il s’agit de préserver.

Nos gardes verts souhaitent nous imposer taxes et interdictions, pour le bien de l’humanité future. Cependant, n’en déplaise aux éminences de gauche qui les réclament, les taxes sur le carburant sont par essence antisociales puisque les ultrariches sont soumis au même tarif que les plus démunis. Elles prétéritent en plus les gens des périphéries délaissées qui ont besoin de leur voiture pour aller travailler. N’oublions pas que la révolte des gilets jaunes a commencé par ce refus des taxes «écologiques». Ce mécontentement venu de la France d’en bas n’était-il pas justifié à ses débuts? Au cœur de la pensée de Platon, nous trouvons la triade du Bien, du Vrai et du Beau. Les trois sont indissociables et la Vérité ne saurait subsister sans la Beauté. Ainsi, toute assertion scientifique, aussi solide soit-elle, ne peut négliger le Beau. Si elle provoque l’enlaidissement de l’environnement, quelque chose cloche. «Rendez-nous nos coquelicots! Rendez-nous la beauté du monde!» s’exclame Fabrice Nicolino, journaliste à Charlie Hebdo. Une certaine écologie, obnubilée par la science et l’impérialisme du nombre, semble parfois oublier le visage des êtres concrets en théorisant sur les écosystèmes et la biodiversité.

Qui est le plus écolo: celui qui construit des éoliennes sur nos crêtes pour promouvoir les énergies douces ou celui qui lutte contre cette implantation pour sauvegarder la beauté de nos sommets? A chacun de juger! Une chose est sûre: l’écologie a un urgent besoin de poètes pour qui, comme le dit Baudelaire, «la Nature est un temple où de vivants piliers laissent parfois sortir de confuses paroles». Osons rêver d’une écologie de l’émerveillement sachant encore écouter le langage des choses.

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